La Fop veut « un revenu digne » pour les producteurs d’oléoprotéagineux
Lors des Rencontres Oléopro 2024, le jeudi 12 décembre 2024, la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop) a insisté sur sa volonté de construire « un revenu digne », dans une vision de « syndicalisme à visée économique ».
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« Les actions que nous menons sont autour des moyens de production et des débouchés », a résumé Benjamin Lammert, président de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop). C’était en conclusion de l’assemblée générale de l’association spécialisée de la FNSEA, le 12 décembre 2024. Cet évènement était organisé dans le cadre des Rencontres Oléopro 2024, qui ont réuni les différents acteurs de la filière à Montrouge, aux portes de Paris.
Apporter de la valeur ajoutée aux exploitations
« Pas de baisse de production » et « apporter de la valeur ajoutée sur les fermes » font partie des ambitions fortes de la Fop. Pour cela, elle plaide pour que soient réduites les entraves à la production par la simplification, tout en luttant contre les injonctions contradictoires.
« Par exemple, souhaiter développer les protéines mais retirer les moyens de production », illustre Gilles Robillard, agriculteur et administrateur de la Fop. Il dénonce un « empilement réglementaire », au niveau européen, national, régional, départemental, bassin de captage, zone Natura 2000… Un autre enjeu est la recherche de solutions, et l’anticipation du retrait de produits phyto.
Face à la dégradation des résultats économiques des exploitations, la Fop entend engager des actions pour accroître les revenus. Elle donne l’exemple de l’huile engagée Lesieur, qui permet à un agriculteur un gain de 10 à 23 €/t selon ses pratiques, a témoigné Pierre Pelletier, agriculteur dans l’Eure engagé dans la démarche.
Une autre initiative de valorisation de la filière, Oléoze, se heurte à des importations massives dans l’Union européenne d’huiles usagées frauduleuses pour la fabrication de biodiesel, qui plombent le marché. « Ces afflux saturent les marchés et prennent la place d’autres produits, déplore Isabelle Weber, directrice des affaires réglementaires et durabilité chez Saipol. En grande partie à cause de cela, la prime “bas gaz à effet de serre” a été divisée par trois entre la fin de 2022 et aujourd'hui. » Les filières du biodiesel et du bioéthanol dénoncent ces importations.
La démarche « colza robuste » porte ses fruits
Cette année, « le colza tire plutôt son épingle du jeu par rapport aux autres cultures », tandis que le pois connaît « de grandes difficultés », liées notamment aux aléas climatiques, a souligné Benjamin Lammert. Gilles Robillard évoque, quant à lui, « des vents contraires ».
« Nous avons un exemple sur le colza qui montre qu’avec la massification de la recherche, on arrive à trouver des moyens de production et des leviers », constate-t-il. La démarche du « colza robuste », qui vise identifier des étapes clés tout long du cycle de la culture et de lui donner les moyens de subir des attaques, a porté ses fruits. Terres Inovia travaille actuellement à décliner cette démarche sur les autres oléoprotéagineux.
Situation difficile pour le pois protéagineux
La situation du pois est « plus compliquée », même si « on a bon espoir d’arriver à lui appliquer ce qu’on a fait en colza », indique Gilles Robillard. En 30 ans, les surfaces du protéagineux sont passées de 700 000 à 150 000 hectares. Maladie racinaire (aphanomycès), sécheresses régulières, conditions de cultures pas toujours favorables au printemps, déplacement du bassin de production des bonnes terres du Nord vers des bassins moins productifs… Plusieurs phénomènes expliquent ce constat. Le pois protéagineux a également accusé un manque de recherche, notamment variétale, pendant de nombreuses années.
« On est assez proche à court terme de l’arrêt de la culture du pois », a alerté Adrien Dupuy, agriculteur et administrateur de la Fop. Plusieurs programmes sur la génétique du pois ont été lancés récemment, notamment dans le cadre du plan protéines. « L’objectif est de créer des variétés plus adaptées au contexte actuel », a décrit Adrien Dupuy. Il prévient cependant : « Pour obtenir ces nouvelles variétés, il faut sept à dix ans, ce n’est pas pour demain. En attendant, il faut donner des perspectives aux agriculteurs. »
La Fop s’inquiète de l’avenir du pois d’hiver (24/07/2024)
Le pois présente de nombreux intérêts (bon précédent, apport d’azote) et s’intègre bien dans les démarches d’agriculture durable (PSE, captage de carbone, souveraineté protéique…). « C’est un marché qui manque de production mais pas de débouchés », a pointé Gilles Robillard. Même si « de belles avancées » ont été faites ces dernières années sur la culture, « on n’est pas près de retrouver cette productivité », ajoute-t-il.
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