Eppeville (80) Près de 400 personnes mobilisées contre la fermeture de la sucrerie
Après la manifestation devant l’usine Saint Louis Sucre de Cagny (Calvados) le 22 février, ce sont cette fois les agriculteurs et les salariés de la sucrerie d’Eppeville (Somme), en présence de nombreux élus de la Somme et de la Région des Hauts-de-France qui disent « non » à la fermeture de l’usine.
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Avec les salariés de la sucrerie, les agriculteurs de la Somme, de l’Aisne, de l’Oise et du Nord-Pas-de-Calais concernés par le projet de fermeture de l’usine d’Eppeville sont venus nombreux exprimer leur désarroi devant ses locaux, avec un seul message : « Nous ne voulons pas de la fermeture de la sucrerie. » Ils étaient soutenus par de nombreux élus, députés, sénateurs, maires et conseillers régionaux, et par l’ensemble du bureau de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves).
Eppeville et Roye, deux usines touchées
« Ce sont les planteurs de la sucrerie d’Eppeville qui sont concernés mais aussi ceux de Roye, explique Emmanuel Pigeon, directeur des syndicats betteraviers des Hauts de France. Le groupe Saint Louis Sucre va regrouper l’ensemble des agriculteurs des deux usines sur une seule. »
Roye fonctionne déjà 130 jours, et tourne à 14 000 tonnes par jour, elle aura donc du mal à absorber davantage de betteraves. « Si la totalité des betteraves traitées à Eppeville pouvaient être écrasées à Roye, Saint Louis Sucre aurait déjà fermé Eppeville depuis longtemps, ça n’aurait servi à rien de garder deux usines », souligne David Brunel, président de la commission interprofessionnelle de l’usine d’Eppeville.
Une perte nette de surfaces
Si l’usine de la Somme devait fermer, ce sont environ 20 000 ha de betteraves qui seraient en jeu. « La France paie la note pour l’Europe, avec la disparition de 500 000 tonnes de sucre sur les 700 000 t prévues, souligne Emmanuel Pigeon. Les sucreries que Saint Louis Sucre a prévu de fermer en Allemagne et en Pologne sont de petites usines. Les surfaces de betteraves seront reprises par d’autres sucreries. Alors qu’en France, c’est une perte nette de surfaces ! Ces 20 000 ha de betteraves en moins viendraient déstabiliser les autres filières dans la région. C’est aussi autant de pulpes dont les planteurs qui sont aussi éleveurs ne pourraient plus bénéficier. »
Les deux groupes coopératifs Tereos et Cristal Union sont aussi présents dans les Hauts-de-France. « Mais même si la sucrerie de Cristal Union tourne un peu moins de jours que les autres, les outils des deux coopératives ne sont pas non plus en capacité d’absorber 20 000 ha de betteraves supplémentaires », note Olivier Brasset, agriculteur à Harly, dans l’Aisne.
L’ensemble du tissu économique concerné
« Ce sont les 1 275 agriculteurs et les salariés bien sûr qui sont touchés mais aussi les entrepreneurs de travaux agricoles, les transporteurs et l’ensemble du tissu économique local », remarque David Brunel. Eppeville compte 130 salariés permanents et 75 saisonniers mais au total, la CGB Hauts-de-France chiffre à près de 600 le nombre d’emplois directs, indirects et induits remis en cause.
Les efforts non récompensés
« Nous avons été d’autant plus surpris par ce projet, que nous avions tout fait pour permettre à l’usine de s’en sortir, regrette Thibault Colzy, agriculteur à Jussy, près de Saint-Quentin et représentant des agriculteurs de l’Aisne à Eppeville. Nous avions joué le jeu de l’augmentation des volumes et l’allongement des campagnes, malgré les pertes en silos et autres contraintes qu’elles engendraient. Et la première année d’effondrement des cours, on nous dit, circulez, il n’y a rien à voir ! »
Aucune solution alternative
Discussion avec les autres sucriers, reprise de l’usine… les agriculteurs des Hauts-de-France ne veulent évoquer aucune solution alternative. Pour eux, la seule qui soit envisageable est de baisser la production de 15 % dans toutes les usines européennes du groupe pendant un ou deux ans, plutôt que de se priver d’outil performant comme ceux d’Eppeville et Cagny.
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