Les agriculteurs ne se sont pas emparés des outils innovants
Un sondage réalisé par la Cour des comptes révèle que les agriculteurs ont des difficultés à s’emparer des outils innovants nécessaires à la transition agroécologique.
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Dans un rapport publié le 24 février 2025, la Cour des comptes s’est penchée sur le déploiement des innovations nécessaires à la transition agroécologique au sein des exploitations. Entre 2018 et 2023, 6,7 millions d’euros ont été engagés par l’État pour accélérer le déploiement des innovations en agriculture.
L’appropriation des outils innovants est le segment le plus soutenu par l’État, cela représente 40 % du budget engagé. Malgré ces moyens alloués, la Cour des comptes ne note pas « d’adoption massive » des outils innovants par les agriculteurs.
Substitution aux produits phytosanitaires
Le recours aux innovations agricoles concerne toutes les catégories d’agriculteurs, quel que soit leur âge, leur niveau d’études ou la taille de leur exploitation. Le seul facteur qui peut influencer l’utilisation de méthodes innovantes est le nombre de conseils reçus des sphères privée et publique.
Un sondage (1) de la Cour des comptes réalisé en juin dernier, révèle que 86 % des agriculteurs intègrent régulièrement des innovations et 53 % prétendent en adopter au moins trois par an. Les outils de substitution aux produits phytosanitaires sont les plus déployés mais concernent moins de la moitié des répondants. L’agriculture connectée (intelligence artificielle, données massives, objets connectés) reste faiblement utilisée. Les GPS et capteurs sont également « sous-utilisés », selon les magistrats.
Frein financier
Les principales attentes des agriculteurs en termes d’innovation sont la protection contre les aléas climatiques, contre les épizooties et la réduction de la charge de travail. Pour les deux tiers des sondés, la performance économique reste la motivation principale.
Toutefois, le principal frein reste financier (71 % des sondés). L’innovation peut fragiliser les rendements, augmenter la charge de travail ou nécessiter de nouveaux investissements note la Cour des comptes. Les agriculteurs souhaiteraient la mise en place d’aides financières directes. Les soutiens à l’investissement, les appels à projets et autres guichets accroissent la complexité et sont « peu lisibles », selon la Cour des comptes.
Recours au conseil
À cet effet, les magistrats préconisent d’adapter le crédit d’impôt à la recherche ainsi que le crédit d’impôt à l'innovation aux spécificités du secteur agricole.
La formation reste un vecteur important de diffusion des innovations. Le sondage met en avant un taux important de non-recours au conseil. Le taux de satisfaction vis-à-vis du conseil est élevé (90 %) mais le taux de recours est encore bien faible (44 % au maximum).
La Cour des comptes recommande que les aides du programme national de développement agricole et rural (PNDAR) soient ciblées vers les innovations transformantes, le conseil stratégique global et la formation continue.
(1) Il s’agit d’un sondage réalisé auprès d’un échantillon statistiquement représentatif de 1 005 chefs d’exploitation.
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