« J’ai acheté 70 hectares via un GFA mutuel »
Grâce à une quarantaine d’investisseurs, Jean-Christophe Huyghe a pu financer l’achat de terres en 2006. Une solution dont il se félicite encore aujourd’hui et qui lui a offert de la stabilité.
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Pour Jean-Christophe Huyghe qui a grandi au sein de la ferme familiale en Seine-et-Marne, devenir agriculteur était une évidence. Après ses études à l’école d’ingénieur de Purpan, à Toulouse, et son service militaire, il gère, pendant trois ans, avec son frère, une ferme voisine de celle de ses parents. La reprise de celle-ci n’ayant pas pu se faire, son frère s’installe sur la ferme familiale et Jean-Christophe crée de son côté une société d’arpentage cartographique par GPS. Il part ensuite quatre ans dans l’Oise comme chef de cultures.
Mais l’envie d’être son propre patron le rattrape. Il cherche une exploitation à reprendre. À l’aube de ses 40 ans, en 2006, Jean-Christophe écrit à 115 des clients de sa société pour savoir si l’un d’eux avait un projet de cession hors cadre familial. Trois réponses positives lui reviennent dont deux dans un délai trop important pour lui, qui souhaitait profiter de la dotation jeune agriculteur.
Il reste parmi elles une exploitation, 110 hectares de bonnes terres d’un seul tenant, à une cinquantaine de kilomètres de la ferme familiale. « C’était idéal mais il restait à convaincre les cédants de mon projet, à régler des imbroglios d’indivisions et à monter le dossier de financement en quelques mois. »
360 courriers
Sur les 110 ha, les propriétaires souhaitaient louer 32 ha. Jean-Christophe a acheté le matériel et 8 ha autour de la maison, et des bâtiments via un prêt bancaire. Il restait à trouver comment acquérir les 70 ha restants. « Avec les cédants, nous avons suivi le prix proposé par la Safer et avons évalué la valeur des terres à 6 000 €/ha. Je devais donc trouver 410 000 euros. » Jean-Christophe envoie cette fois 360 lettres personnalisées à son réseau familial et amical pour expliquer son projet et proposer aux intéressés d’acheter des parts dans un GFA mutuel. « J’ai fait ce que mon père avait déjà fait pour sa propre exploitation, raconte-t-il. J’ai fait appel à mon réseau. » Et il a bien fait. Après de nombreux échanges, 41 associés issus de sa famille et d’amis s’engagent. La Safer a retiré sa préemption « devant l’évidence de l’utilité et de la légitimité de cette installation »
Une bonne part des investisseurs, en achetant des parts (2 000 €/part), a voulu « donner du sens à leur placement en pariant sur le projet, la personne, et sur une agriculture familiale plutôt que financière, bien qu’étant en bonne terre et en région de grandes cultures ». Seul écueil, « le GFA mutuel est long à mettre en place alors que, lorsqu’une opportunité se présente, c’est tout de suite ! Il faut donc être soutenu par les cédants. Mais si c’était à refaire, je ferais la même chose. » D’ailleurs, son neveu a lui aussi financé 128 ha via un GFA mutuel lors de son installation récente, et sa méthode a aussi inspiré un éleveur du département.
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