Une trentaine d’éleveurs s’est posée ce matin, jeudi 25 mai 2023, devant le ministère de l’Économie. Leurs t-shirts, rouges comme leur colère, criaient leur déception. « Nous sommes attaqués de tous les côtés, s’indigne Patrick Bénézit, fraîchement élu président de la FNB. Le ministre de l’Économie a lourdement stigmatisé le secteur de l’élevage. » En l’espace d’une semaine, les espoirs de soutien qu’avaient les éleveurs français de la puissance publique se sont effondrés.

« Nous attendions un plan de sauvetage »

« Avec une décapitalisation qui se poursuit, nous attendions au contraire un plan de sauvetage de l’élevage », poursuit-il. Le carbone stocké par les 13 millions d’hectares de prairies, ainsi que la biodiversité, l’économie et l’emploi dans la filière, la souveraineté alimentaire… « Tout ça n’est pas pris en compte », déplore le président de l’association spécialisée de la FNSEA.

Les foins et autres travaux des champs occupent actuellement les éleveurs français. « Tout ce qu’ils entendent dans les médias, ce sont ces attaques permanentes, s’épuise Cédric Mandin, le secrétaire général de la FNB. Partout dans les campagnes, Bruno Le Maire peut trouver des éleveurs en colère contre lui. »

La semaine dernière, Bruno Le Maire soutenait, dans un esprit d’écologie, la production de protéines végétales face aux protéines animales. Cette comparaison a été vécue, par les éleveurs français, « comme une véritable provocation ». À cela s’ajoute s’ajoute le rapport de la Cour des comptes, qui « préconise une baisse drastique, voire une suppression de l’élevage », interprète le président de la FNB.

Le plan bas carbone proposé par la Première ministre Élisabeth Borne au début de la semaine pose aussi questions sur l’avenir de la filière. Et pour couronner le tout, « nous avons appris hier la proposition à l’Australie d’un contingent d’importation de 24 000 tonnes », s’étonne Patrick Bénézit.

Une politique incohérente

Ces recommandations de diminution du cheptel français s’inscrivent dans un contexte où « la consommation ne baisse pas », affirme Patrick Bénézit. En revanche, des accords d’importation continuent d’être négociés depuis plusieurs années. Canada, Mercosur, Australie…

« La première chose à faire serait d’interdire les importations. On ne comprendra jamais qu’on puisse nous remplacer par une viande produite à l’autre bout du monde dans des conditions déplorables. » Ce manque de soutien reflète, selon la FNB, « une incohérence politique totale ».