Face à l’annonce du nouveau plan climat par la Première ministre lundi 22 mai 2023, Interbev n’a pas tardé à répliquer deux jours plus tard : « Nous déplorons que l’enjeu climatique soit trop souvent réduit aux seuls enjeux liés au carbone. »

Et pour cause, le gouvernement d’Élisabeth Borne affiche l’intention de baisser de 18 % par rapport à 2019 les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 pour le secteur agricole. La stratégie ? Une réduction importante des engrais azotés, mais aussi une diminution des émissions liées à l’élevage.

« Présentée par certains comme une solution pour répondre aux enjeux climatiques, la poursuite de la diminution du cheptel bovins en France accentuera pourtant de fait l’augmentation de la viande importée dans l’assiette des Français », estime Interbev.

Un élevage vertueux

Pour l’association interprofessionnelle, la réflexion doit prendre en compte tous les atouts environnementaux des élevages herbivores français. « C’est un système qui demeure l’un des plus vertueux au monde, et l’un des seuls capables de compenser une partie de ses émissions. » Les prairies sur lesquelles pâturent les bovins constituent des puits de carbone précieux. Avec 13 millions d’hectares de prairies permanentes, temporaires et de parcours herbagers, l’activité d’élevage de bovins compense en moyenne un tiers de ses émissions.

Sans parler des réserves de biodiversité importantes que constituent ces prairies et les haies qui leur sont associées. Benoît Rouillé, responsable de projets à l’Institut de l’élevage donne un exemple : « Sous 1 ha de prairie, il y a environ 4,5 tonnes de faune. Soit le poids de six vaches. »

« Un discours hors des réalités »

Le sujet, qui s’est emparé des médias depuis lundi — avec le rapport de la Cour des comptes qui recommande d'aller vers une réduction du cheptel bovin — n’a pas manqué de faire réagir le ministre de l’Agriculture. « Le discours sur la décroissance forcée, portée comme politique publique, est curieux pour ne pas dire hors des réalités, quand on sait que la France n’est autosuffisante pour aucune filière animale », écrit Marc Fesneau sur son compte Twitter. « Serait-ce à dire que certains assumeraient de voir renforcer nos importations, baisser notre souveraineté alimentaire au profit de formes d’agriculture que nous ne voulons pas ? »

Par ailleurs, Interbev souligne son engagement pour la réduction des émissions du secteur de l’élevage. Ainsi, depuis 2015, le programme européen Life Beef Carbon vise à réduire de 15 % l’empreinte carbone de l’élevage bovin allaitant d’ici à 2025, au travers du déploiement de l’outil Cap’2ER.

Ecoutez notre podcast : Vers un élevage bas carbone