Login

Une désorganisation mondiale du fret maritime

Le canal de Panama est touché par la sécheresse qui abaisse le niveau d'eau, limitant le transit des bateaux.

Le fret maritime est bouleversé par la géopolitique et les aléas climatiques mondiaux. Les navires doivent contourner les zones à risque.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le transport maritime est une économie massive qui s’est développée avec la mondialisation. Des routes ont été créées pour raccourcir les temps de trajet des bateaux et acheminer la marchandise plus vite entre les pays. Mais depuis deux ans, cette organisation si bien rodée est bousculée par les crises géopolitiques et les changements climatiques mondiaux. Le canal de Panama, la mer Noire et la mer Rouge sont les témoins de l’enjeu majeur auquel le fret maritime doit faire face aujourd’hui : sa désorganisation.

En temps normal, 36 bateaux transitent chaque jour par le canal de Panama. En décembre 2023, ce chiffre est tombé à 22 panamax, bateaux dont le gabarit a été calibré pour passer les écluses de ce canal. Le phénomène El Niño touche la région en proie à une forte sécheresse, abaissant le niveau d’eau. Ce dernier se situe près de 2 mètres sous la normale, limitant la capacité de transport des bateaux admis sur le canal. D’ordinaire, les navires qui souhaitent contourner le canal de Panama sont reroutés vers le canal de Suez et la mer Rouge pour atteindre les destinations asiatiques. C'est aujourd'hui impossible au vu de la situation dans cette région du monde.

Les conflits font barrage

Le canal de Suez, porte d’entrée ou de sortie de la mer Rouge, représente 15 % du commerce mondial. Depuis les tensions de l’automne dernier au Moyen-Orient, le trafic a chuté de 60 %. Les navires occidentaux sont attaqués par les rebelles du Yémen en représailles du conflit israélo-palestinien. Les flux maritimes doivent contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance afin d’éviter cette zone, au prix de 10 jours en mer supplémentaires.

Les conflits géopolitiques ont également perturbé le trafic maritime en mer Noire. Sur les deux dernières années, la route céréalière entre l’Ukraine et la mer Méditerranée a été partiellement ou totalement bloquée durant huit mois. L’ONU et la Turquie ont mis en place un corridor céréalier, mais le double contrôle à l’entrée et à la sortie du Bosphore a entraîné de longues files d’attente.

Si le trafic depuis la mer Noire est désormais plus fluide en raison d’une marine militaire russe cantonnée en Crimée par les tirs ukrainiens, il n’en demeure pas moins que les primes d’assurance ont flambé. Le trajet entre Novorossiysk et Alexandrie valait 17,80 $/t à la veille du conflit, contre 30 $/t aujourd’hui.

Le fret régi par l’offre et la demande

Le prix du fret maritime se construit comme tout marché en fonction d’un équilibre entre une offre (nombre de cales) et une demande (volume de produits échangés). En allongeant les temps de trajet, le nombre de bateaux effectivement disponible a diminué et les prix ont augmenté.

Pour pallier cet effet, les bateaux accélèrent et leur consommation de carburant augmente. Même s’il y contribue, le prix du pétrole est loin d’être le principal facteur de volatilité du fret. C’est aujourd’hui la désorganisation du trafic qui pèse le plus sur la hausse des coûts.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement