Betterave/Restructuration « Saint Louis Sucre devra payer le prix fort »
Que le plan de restructuration coûte bien davantage à Südzucker que ce que le groupe allemand a budgétisé : voilà le moyen de pression brandi mercredi 27 mars à Cagny par Didier Guillaume comme soutien aux planteurs et salariés qu’il était venu rencontrer.
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Renchérir au maximum le « ticket de sortie » de Saint Louis Sucre (SLS) pour ses usines de Cagny (14) et d’Eppeville (80). Tel est le moyen de pression que le ministre de l’Agriculture brandit face à la holding allemande Südzucker qui a annoncé le 14 février dernier, la fermeture pour 2020 de ces deux usines françaises.
« Nous allons leur faire payer le prix fort », a ainsi martelé le ministre Didier Guillaume à plusieurs reprises le mercredi 27 mars alors qu’il était en déplacement à Cagny à la rencontre des planteurs, salariés et élus locaux pour un groupe de travail destiné à discuter de l’avenir du site. Ce jour-là, un comité de soutien d’environ 500 planteurs et salariés était réuni une nouvelle fois pour montrer la détermination du secteur à sauver ce site de Saint Louis Sucre.
Aller au-delà des 200 millions
Pour son plan de restructuration qui concerne à la fois globalement la France et la Pologne, Saint Louis Sucre a mis sur la table un budget de 200 millions d’euros dont environ 40 M€ uniquement pour le site de Cagny. C’est un budget qui doit notamment servir à la reconversion des sites, aux licenciements et à la destruction de certains bâtiments.
Mais le ministre aurait trouvé les moyens de renchérir au maximum ce « ticket de sortie ». Menace sur le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), dénonciation du plan de sauvegarde de l’emploi, paiement des indemnités de fonctionnement de la station d’épuration de Cagny pour la durée totale de dix ans prévue dans le contrat… Tout est bon à prendre pour mettre une pression financière maximale sur le groupe a notamment souligné Didier Guillaume en fin d’après-midi à la sortie du groupe de travail.
« Jusqu’à présent SLS n’a montré aucune ouverture dans les discussions et c’est inadmissible. Pire, ils souhaitent empêcher la reprise des sites français. Ils nous infligent ainsi une double peine inacceptable pour les filières françaises. Nous combattrons cette injustice avec beaucoup de fermeté et de détermination », a ajouté le ministre.
Réunion le 30 avril
Le gouvernement croit ainsi toujours à un recul possible de SLS sur sa décision de fermer les deux sites français (Cagny dans le Calvados et Eppeville dans la Somme). « S’ils ne reviennent pas en arrière, alors il faudra bien qu’ils acceptent une reprise des sites en question », a poursuivi Didier Guillaume. Et si malgré tout rien n’est fait, le ministre s’est également montré rassurant sans pour autant apporter de garantie. Il a évoqué la piste malgré tout de l’intervention de l’État pour « maintenir la filière et les bassins de production ». Toutefois, il n’a pas pris le risque de donner la garantie aux salariés, planteurs et entrepreneurs que l’activité serait sauvegardée.
De son côté, Sophie Gaugain, la vice-présidente de la Région en charge du développement économique, a indiqué que la Région est d’ores et déjà prête à intervenir « y compris en mobilisant l’ingénierie financière ». De son côté, la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) travaille à un plan de reprise dont il est dit en coulisse qu’il pourrait concerner Saint Louis Sucre dans son ensemble. Une réunion est programmée le 30 avril prochain à Strasbourg avec les membres du comité de direction de Südzucker.
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