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International La géopolitique pèse sur les marchés de l’orge brassicole

Tensions entre la Chine et l’Australie, guerre en Ukraine : la géopolitique a bouleversé les échanges mondiaux d’orge brassicole. Le bilan est fragile.

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La campagne de commercialisation de la récolte 2021 des orges de brasserie est marquée par la mauvaise production canadienne, et par le conflit politique entre la Chine et l’Australie. Pékin a effectivement mis en place sur cette origine une taxe à l’importation rédhibitoire, coupant les flux. « Les Australiens sont allés chercher des marchés en Amérique du Sud et du Nord, et également sur l’Europe, ce qui est exceptionnel », a expliqué Julien Darley, directeur de Granit Négoce, à l’occasion de la journée de la filière brassicole le 5 avril 2022. D’importants volumes sont théoriquement disponibles, mais le coût du fret depuis cette origine les immobilise.

 

Cette situation, qui perdure encore à l’heure actuelle, a bénéficié à l’Argentine, dont les exportations ont bondi. Cela a participé à la détente du marché, mais le bilan de la récolte 2021 reste très tendu, avec un déficit de 190 000 tonnes à l’échelle mondiale.

Volumes exportables limités

En 2022, le potentiel de production brassicole pourrait revenir à la normale (2,6 millions de tonnes (Mt) au Canada, 12,5 Mt en Europe, 3,0 Mt en Argentine et 3,3 Mt en Australie).

 

Toutefois, les tensions sino-australiennes persistent. Le Canada pourrait fournir 1,5 Mt, avec la Chine comme premier acheteur. En Europe, Granit Négoce ne voit pas un potentiel de disponible exportable très élevé (350 000 tonnes). Cela résulte d’une part des évolutions de surface dans la plupart des pays membres, malgré une hausse en France. D’autre part, « la demande européenne va grimper de 300 000 tonnes sur un an, car elle avait été réduite la campagne passée par les problèmes de PS », a chiffré Julien Darley.

 

L’origine australienne étant toujours refusée par la Chine, l’île-continent pourrait n’exporter que 450 000 tonnes, malgré des volumes disponibles bien plus importants.

 

Incertitudes

« Tant que l’on n’aura pas la certitude que l’hémisphère Sud, qui cumule 65 % des disponibilités, produit bien, on risque d’avoir une situation vraiment tendue sur les marchés sur les quatre à cinq mois qui viennent, a-t-il déclaré. Il n’y a pas de place pour un accident climatique. »

 

Du côté de la demande en orge brassicole, la situation est également incertaine, notamment en lien avec le retour des confinements en Chine. La guerre en Ukraine pourrait, elle, faire sensiblement baisser l’offre fourragère. Or, « la demande en orge fourragère est le premier concurrent de l’orge brassicole », a rappelé le directeur de Granit Négoce. Les primes brassicoles sont fluctuantes (20 €/t il y a un mois, 45 €/t actuellement) : « Un point qui reste à surveiller », a-t-il estimé.

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