Login

Qui se sucre ? Qui se sucre ?

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L’annonce a été brutale. Le 14 février, Saint Louis Sucre, filiale du groupe allemand Südzucker, a informé de la fermeture de deux de ses sucreries en France, à Eppeville, dans la Somme, et à Cagny, dans le Calvados (voir p. 21). Deux usines sur les cinq que Südzucker va fermer en Europe pour réduire sa production de 700 000 tonnes, afin de « s’adapter à la nouvelle donne du marché ».

Avec environ 500 000 tonnes, c’est la France qui absorbera l’essentiel de l’effort. Plutôt qu’une baisse partielle de la production sur l’ensemble de ses usines européennes, le groupe a donc choisi une méthode radicale. Le coup est rude pour les 2 500 planteurs de betteraves concernés, qu’ils soient des producteurs historiques ou se soient lancés après l’arrêt des quotas sucriers en 2017.

Il faut dire que, sur le marché mondial encombré par des surplus, les cours du sucre ont fortement chuté. Dès la suppression des quotas, tous les pays européens ont augmenté leur production. Mais surtout, l’Inde a inondé ce marché grâce à une récolte en très forte hausse, encouragée par des aides critiquées par ses concurrents. La Thaïlande a connu, elle aussi, une progression notable de sa production.

Avec les prix mondiaux actuels du sucre, « on ne rémunère personne », explique un responsable industriel. Tous les groupes sucriers en Europe seraient ainsi dans le rouge. Ceux-ci ne partagent d’ailleurs pas la même vision à propos de l’importance à accorder à l’exportation du sucre sur un marché mondial très volatil. Quelques espoirs sont cependant permis quant à une évolution plus favorable des cours.

Pour leur part, les producteurs européens de betteraves, dont l’OCM a été démantelée, sont désormais soumis aux vents du grand large. Dans ce contexte de crise - « la plus profonde depuis la fin de la seconde guerre mondiale », estime la CGB -, les planteurs veulent rénover la contractualisation pour avoir une visibilité sur les prix et mettre en place des organisations de producteurs. Ils se préoccupent aussi de la gestion des risques avec des outils permettant d’amortir les crises. Mais du côté des industriels, on indique que « planteurs comme sucriers doivent s’adapter au fait que l’on vit désormais dans un autre monde avec la liberté du marché ».

Fini donc les protections assurées par une OCM qui ne coûtait pourtant rien à Bruxelles ! Et « bravo » aux décideurs européens pour avoir cédé aux sirènes du libéralisme à tous crins…

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement