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Désaccords sur l’impact de l’arrêt des importations d’engrais russes

Alors que plusieurs organisations professionnelles agricoles s'inquiètent sur le prix et la disponibilité des engrais, l’Union des industries de la fertilisation (Unifa) juge que l'impact de la proposition de la Commission européenne serait limité et qu'elle représenterait une opportunité pour regagner en souveraineté sur le secteur.

Quels seraient les impacts sur les prix et la disponibilité des engrais de la proposition de la Commission européenne, qui vise à restreindre les importations d’engrais azotés en provenance de la Russie ? L’Union des industries de la fertilisation (Unifa) et les représentants du monde agricole sont en désaccord sur la question.

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La Commission européenne a proposé le 29 janvier d’instaurer des droits de douane prohibitifs sur des engrais azotés russes et biélorusses. Ces mesures inquiètent le Copa-Cogeca, syndicat européen d’agriculteurs et des coopératives, qui estime notamment que la proposition de la Commission pourrait entraîner une hausse des prix des engrais azotés de +40 à +45 €/t.

Une évaluation avec laquelle l’Union des industries de la fertilisation (Unifa) n’est pas en accord. « Nous ne mesurons pas d’impact qui pourrait perturber l’approvisionnement ou les prix de revient de l’agriculteur », estime Jacques Fourmanoir, son vice-président. 

10 dollars par tonne

Il relaye les estimations d’une étude d’Argus, qui « a montré que, compte tenu du fait que les usines européennes et françaises pourraient produire davantage, c’est-à-dire baisser leur prix de revient, et que de nouvelles origines géographiques pourraient s’ouvrir, l’impact sur les prix serait de 10 $/t. Cela représente 0,23 €/t de blé », indique-t-il.

« Sérieuses inquiétudes »

« L’Europe ne dispose pas aujourd’hui des ressources énergétiques et minières qui seraient nécessaires pour assurer sa souveraineté en engrais », estimaient la FNSEA, La Coopération Agricole, la Fédération des négoces agricoles (FNA), l’Afcome (distributeurs d’engrais), l’AGPB (producteurs de blé), l’AGPM (producteurs de maïs), la CGB (producteurs de betterave) et l’UNPT (producteurs de pommes de terre) dans un courrier adressé au Premier ministre le 11 février et diffusé par Contexte. 

Le Copa-Cogeca estimait le 29 janvier que « les agriculteurs européens n’ont actuellement aucune garantie que le déficit d’engrais sera compensé par une augmentation de la production nationale à un prix compétitif ». Et dans un nouveau communiqué publié le 27 février, 2025, le syndicat appuie sur ses « sérieuses inquiétudes » et juge que les impacts économiques pourraient être « considérables ».

Jacques Fourmanoir indique qu’actuellement, pour les engrais minéraux sous toutes leurs formes, « l’industrie française et européenne est en sous-capacité de production de l’ordre de 30 % ». Et selon lui, « l’industrie domestique est tout à fait capable de répondre aux besoins complets de l’agriculture française. »

Mesures antidumping et intérêts à long terme

Les organisations agricoles demandent la mise en place d’autres mesures qui pourraient, selon elles, faciliter l’accès aux engrais azotés : suppression des mesures antidumping en provenance des États-Unis et de Trinidad et Tobago, et suspension des droits conventionnels sur les importations de produits fertilisants en provenance des pays tiers hors Russie et Biélorussie.

Pour Jacques Fourmanoir, « il faut rester vigilent sur le fait que des sites en France ou en Europe peuvent être mis en difficulté par des importations qui ne seraient pas soumises aux mêmes contraintes ». Ainsi, « un intérêt de court terme sur le prix pourrait masquer à terme une dépendance forte, et peut-être à l’avenir des prix qui seraient difficiles pour l’agriculture », déclare-t-il.

Globalement, l’Unifa « regarde avec intérêt la proposition de la Commission car c’est le moyen de rendre l’agriculture française beaucoup moins dépendante d’une origine géographique qui prend de plus en plus d’ampleur », indique Jacques Fourmanoir.

Actuellement, selon lui, le différentiel de prix entre les origines russes et européennes est de 10 % à 15 % selon les produits.

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