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Un soutien massif du gouvernement à la filière

L’extrême inflammabilité de l’hydrogène impose une sécurisation importante des sites de stockage, ici celui de Lussagnet dans les Landes.

Gouvernements français et européens misent sur l’hydrogène pour décarboner leurs économies et stocker l’électricité renouvelable, à grand renfort de subventions.

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Il flotte sur l’hydrogène un air de « quoi qu’il en coûte ». La toute jeune filière bénéficie, en France et en Europe, d’une avalanche de subventions depuis quelques années. En plus de la volonté de décarboner l’économie, l’hydrogène apporte une solution potentielle de réduction de dépendance au gaz russe.

Deux plans en France

En France, un premier plan de déploiement de l’hydrogène pour la transition énergétique a été lancé par Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique en 2018. Celui-ci prévoyait trois axes : la production d’hydrogène par électrolyse à partir d’électricité renouvelable ou nucléaire, le développement de l’usage de l’hydrogène dans les transports en alternative au tout électrique et enfin son utilisation comme élément de stabilisation des réseaux énergétiques.

Les deux premiers axes sont envisagés à l’horizon 2030, le dernier est planifié après 2035. L’hydrogène serait ainsi un élément clé pour stocker l’électricité, notamment celle produite par les solutions renouvelables intermittentes (éolien et solaire).

Le premier plan hydrogène est accompagné d’un financement régulier de 100 millions d’euros par an. Le gouvernement français a toutefois encore sorti son chéquier en 2021 avec le plan France 2030. La filière doit bénéficier de 9 milliards d’euros d’ici 2030, avec déjà 2 milliards dépensés entre 2021 et 2022.

Fait rarissime, Emmanuel Macron a sollicité l’avis de l’Académie des sciences sur les perspectives de l’hydrogène. Le rapport des scientifiques appelle le gouvernement à la raison et pointe du doigt des objectifs irréalistes et des subventions pas toujours bien fléchées.

Des objectifs trop élevés

Concernant la filière industrielle d’électrolyseurs, le plan vise l’installation d’une capacité de 6,5 GW pour produire 0,6 Mt d’hydrogène décarboné par an en 2030 et 10 GW en 2035, soit 1 Mt d’hydrogène décarboné. De son côté, la consommation française annuelle d’hydrogène à horizon 2050 varie selon les différents scénarios. La stratégie nationale bas-carbone table sur 1 Mt d’hydrogène vert ou jaune, c’est-à-dire par électrolyse avec de l’électricité renouvelable ou nucléaire. Le scénario Trajectoire hydrogène + de RTE vise, lui, 3,9 Mt.

Selon l’Académie des sciences, « tout indique que les objectifs fixés ne pourront pas être atteints. À la fin de l’année 2023, la puissance d’électrolyseurs installés n’était que de 0,03 GW, très loin des 6,5 GW fixés pour 2030 (seulement 0,5 % de cet objectif). En tenant compte des projets en construction ou ayant reçu une décision finale d’investissement, 0,3 GW de capacités sont atteints (5 % de l’objectif) ». L’académie rappelle que pour produire 1 Mt d’hydrogène vert, il faut 55 TWh d’électricité renouvelable, soit la production annuelle de cinq réacteurs nucléaires de 1 600 MW.

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