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Il teste des urines comme engrais

Une cuve pour récupérer les urines a été installée dans le camion de Simon Ronceray. L’urine d’une personne collectée pendant un an permettrait de fertiliser 500 mètres carrés.

Simon Ronceray, agriculteur bio, livre ses légumes dans les Hauts-de-Seine et repart avec les urines des « amapipiens » comme fertilisants.

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« C’est un jour historique », a souligné Louise Raguet, responsable du projet Enville « Engrais humain des villes » (1). Le 18 septembre, le premier point d’apport volontaire d’urine d’Europe a été inauguré à Châtillon (Hauts-de-Seine). Chaque semaine, une vingtaine d'« amapipiens » apportent leurs urines (collectées à domicile dans un bidon de 5 l) au parc Henri Matisse où ils récupèrent leurs légumes livrés par Simon Ronceray de la ferme bio des Trois parcelles, située à Yèvre-la-Ville (Loiret). Les urines sont transvasées dans une cuve de 300 l, puis une fois par mois, l’agriculteur, « ravi de ne pas revenir à vide », récupère l’urine, par une pompe, dans une cuve installée dans son camion.

« Un temps d’hygiénisation de trois, six ou neuf mois selon la culture ciblée est nécessaire, souligne Simon Ronceray. Pour l’instant, ces urines ne fertilisent que nos jardins personnels et nos haies. La certification bio ne reconnaît pas encore l’urine comme fertilisant et nous ne souhaitons pas risquer de perdre ce label afin de conserver nos débouchés que sont les Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne), restaurants et épiceries. »

40 % des engrais azotés

« Cette pratique, qui permet aussi d’économiser des chasses d’eau et de réduire la pollution des rivières, est encore en phase d’émergence, appuie Fabien Esculier, directeur du programme Ocapi. D’où l’absence de réglementation. Mais plus ce projet essaimera, plus les citoyens, les collectivités locales et les politiques seront mobilisés, et plus vite la législation suivra. En France, les urines et matières fécales pourraient représenter 40 % des besoins en engrais azotés. » Quant aux résidus pharmaceutiques, « aucune étude scientifique n’a permis de quantifier un risque rédhibitoire lié à leur présence ». Des études sont en cours pour préciser leur impact sur les sols.

(1) Porté par le programme de recherche Ocapi (sur les systèmes alimentation/excrétion et la gestion des urines et matières fécales humaines) de l’École nationale des ponts et chaussées au sein du laboratoire Eau, environnement, systèmes urbains (LEESU) et financé par l’Ademe Île-de-France.

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