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Engrais Trois scénarios pour la fertilisation d’origine résiduaire

Selon une étude commandée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le taux de couverture de la fertilisation azotée à partir de matières d’origine résiduaire (Mafor) pourrait être inférieur à 20 % à l’horizon de 2035. La collecte accrue d’effluents industriels et urbains ne compensera pas la baisse du cheptel.

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Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a publié le 21 juin 2022 une étude relative à la fertilisation des matières fertilisantes d’origines résiduaires (Mafor) et ses futurs possibles en France à l’horizon 2035. Réalisée par le cabinet I Care & Consult, cette étude a permis d’élaborer des scénarios d’anticipation et de dresser des recommandations stratégiques.

 

Les matières fertilisantes d’origine résiduaire ou Mafor sont nombreuses : effluents d’élevage, boues d’épuration, composts de déchets organiques, digestats de méthaniseurs, cendres de biomasse…

 

Selon cette étude publiée par Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, l’ensemble des Mafor produites en France représente 729 millions de tonnes de matières brutes par an. Sur ce total, 685 millions de tonnes proviennent d’effluents d’élevage (94 %), le reste étant fourni par les boues et effluents industriels, boues de stations d’épuration urbaines, déchets ménagers et assimilés.

Les apports de Mafor couvrent 20 % des besoins azotés des plantes

En plus des avantages pour la transition agroécologique de l’agriculture, les Mafor, qui sont issus de ressources renouvelables, permettent de « réduire l’utilisation de ressources fossiles et les émissions de gaz à effet de serre associées à la fabrication d’engrais azotés, de s’affranchir en partie de la finitude des ressources minières en ce qui concerne les engrais phosphatés et potassiques ».

 

En outre, « elles apportent de la matière organique aux sols, améliorant leurs propriétés (infiltration, résistance à l’érosion, biodiversité, etc.) et favorisant le stockage de carbone ».

 

Selon l’Observatoire national de la fertilisation minérale et organique, la fertilisation organique représente 36 % de la fertilisation totale. En intégrant les pertes par lessivage et volatilisation au champ, et des apports d’azote non issus de la fertilisation, l’étude estime que « les apports de Mafor couvrent aujourd’hui environ 20 % des besoins azotés des plantes ».

 

Trois scénarios aux résultats analogues

Pour estimer l’évolution de la fertilisation à partir de Mafor à l’horizon de 2035, l’étude a permis de formuler trois scénarios prospectifs incluant différentes variables d’influence (taille du cheptel, assolement des cultures, valorisation des boues de stations d’épuration…) :

 

Dans ces trois scénarios, le taux de fertilisation via les Mafor diminue d’ici à 2035 par rapport à la situation actuelle et passe sous la barre des 20 %. La cause principale est que ces trois scénarios intègrent une forte baisse du cheptel, source majoritaire des Mafor.

 

Ainsi, les effluents d’élevage produits représentent « des gisements si importants que [leur] diminution n’est pas compensée par une baisse du besoin en azote des plantes (scénario “Sobriété locale”) ou une collecte accrue des effluents industriels et urbains (scénario “Transition ambitieuse”) ».

 

Une répartition inégale sur le territoire

« Au-delà des considérations quantitatives, la répartition inégale de la production des Mafor sur le territoire français constitue un frein à l’utilisation de ces matières, relève l’étude. La concentration de l’élevage dans certaines régions, dont les effluents sont peu transportables, entraîne une polarisation du gisement. »

 

« De même, les villes constituent des gisements localisés de Mafor, principalement utilisables par l’agriculture périurbaine. Ces concentrations de populations animales et humaines mobilisent des aliments qui ne sont pas produits sur place, et l’épandage localisé de leurs déjections ne permet donc pas de restituer l’azote utilisé dans les régions productrices de ces aliments, et ainsi d’en boucler le cycle », détaille cette même étude.

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