Épandre le lisier avec la même précision qu’un engrais liquide
La connaissance de la composition exacte du lisier est l’étape indispensable pour raisonner son épandage en unités d’azote plutôt qu’en mètres cubes par hectare. Sur cette base, il devient possible de réaliser de la coupure de tronçons, comme avec un pulvérisateur.
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Sans atteindre l’hétérogénéité du fumier, le lisier connaît des variations importantes selon le brassage, la configuration du bâtiment ou encore l’alimentation des animaux. Dans ces conditions, les valeurs théoriques employées pour calculer les plans d’épandage ne sont pas suffisamment précises pour raisonner la fertilisation azotée ou la fumure de fond. La solution la plus simple est l’analyse d’un échantillon prélevé dans la fosse, un service souvent proposé par la chambre d’agriculture ou les groupements.
Toutefois, au sein d’une même fosse, des variations importantes peuvent survenir. Afin de se rapprocher des performances d’un engrais liquide de synthèse, il est indispensable de connaître avec précision la composition du lisier au moment de son épandage. Plusieurs solutions techniques permettent de mesurer les éléments N, P et K, avec toutefois des freins techniques.
Ainsi, le lisier de bovin donne toujours des résultats fiables mais la mesure de la potasse montre rapidement ses limites pour celui de porc. Il en va de même avec le phosphore pour le digestat et le lisier de canard pour la plupart des paramètres.
Trois technologies
Trois solutions techniques sont proposées pour analyser le lisier, à poste fixe ou en continu. La première est celle du proche infrarouge (NIR). Ce procédé analyse l’absorption et la réverbération d’un faisceau lumineux auxquels réagissent les différents nutriments présents dans l’effluent liquide. Cette technologie permet de déterminer rapidement la matière sèche (MS), l’azote, l’azote ammoniacal, le phosphore et le potassium.
C’est la solution développée par John Deere pour le Harvest Lab, utilisé à l’origine sur les ensileuses mais adapté sur les tonnes à lisier Joskin sous le nom de Manure Sensing. Avec cette technologie, Joskin réalise dix-sept analyses par seconde pour une marge de précision de 0,72 %. Le boîtier est placé en sortie de cuve ou éventuellement à poste fixe en sortie de fosse. Dans ce dernier cas, il est indispensable que le trajet routier soit limité afin d’éviter la concentration des matières fertilisantes en fond de cuve sous l’effet de la décantation.
Le second procédé repose sur la mesure de la conductivité électrique et de la température. Le lisier est mis en contact avec une sonde composée de deux électrodes, ce qui fait varier la conductivité. Cette mesure est combinée à celle de la température et les résultats sont comparés à des courbes de référence. Cette solution montée sur les tonnes Gili permet de déterminer la MS, ainsi que les tenuers en N, P et K.
La dernière technique vient de la recherche médicale et consiste à utiliser la résonance magnétique nucléaire. Contrairement aux autres technologies, l’ordinateur de bord n’a pas besoin de comparer les mesures à des abaques de référence. Le dispositif est donc opérationnel sans calibrage et peut évaluer la concentration en N, P et K. C’est l’option choisie par Samson et Pichon. Une fois la valeur fertilisante du lisier connue, il peut théoriquement être géré comme de l’engrais liquide puisque les tonnes sont équipées de rampes d’épandage.
Chez Joskin, le dispositif Manure Sensing offre la possibilité de réguler les apports en fonction d’une consigne d’azote et d’une limite d’unités de phosphore programmées dans le terminal du tracteur. Grâce au TIA (Tractor Implement Automotion) développé par John Deere, la tonne peut piloter la vitesse d’avancement du tracteur pour respecter la consigne de dose.
De son côté, le groupe Samson lance un module de coupure de sections pour les outils d’épandage (rampes pendillards, incorporateurs et injecteurs). L’utilisation de plusieurs sections permet d’éviter le chevauchement et le surdosage du lisier, notamment dans les coins, les pointes ou en bordure de champ. Le système, baptisé GSC (Generic Section Control) gère jusqu’à douze sections par outil.
Il est possible de les commander manuellement avec le joystick du terminal ou automatiquement par un système GPS compatible Isobus. Dans ce cas, le dispositif fonctionne comme pour les autres solutions de modulation intraparcellaire, avec des cartes de préconisation établies au préalable.
De la précision dans les pentes
Dans les parcelles en pente, la gestion des coupures de tronçons n’est pas encore à l’ordre du jour car le problème principal reste l’hétérogénéité de la vidange. Samson a mis au point un nouveau système à double vidange pour optimiser l’épandage en montée et en descente. Ce dispositif Alta est proposé sur la gamme de tonnes à lisier Pichon SV. Il permet une vidange totale de la cuve en descente et en montée.
Il se caractérise par un circuit de vidange avant (vidange descente) et un circuit de vidange arrière (vidange montée). La sélection du circuit se fait par deux vannes hydrauliques immergées pilotées manuellement depuis le terminal en cabine. Il est compatible avec le circuit de vidange supérieur, lui-même associé à la régulation DPA et à l’accélérateur de vidange. Il évite les désamorçages du système de vidange et maintient un épandage régulier et homogène dans les zones très vallonnées.
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