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« L’État doit commander les vaccins un an à l’avance » contre les épizooties

De gauche à droite: Christophe Maginot (administrateur FNPL), Pierre Aubert (DGAL), Christophe Chambon (président du FMSE), Ludivine Fauchoit (éleveuse dans le Nord), Jean-Louis Hunault (président du SIMV) lors de l'assemblée générale de la FNPL, le 9 avril 2025.

Entre tensions sur la production de vaccins et nécessité d’augmenter la couverture vaccinale, l’État tente de trouver un équilibre face aux embûches sur le chemin de la vaccination contre les maladies émergentes ou réémergentes.

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« Si l’État ne s’y prend pas un an à l’avance pour commander les vaccins, il prend le risque de ne pas être servi à hauteur de ses besoins », lance le président du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV) Jean-Louis Hunault à l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), le 9 avril 2025 à Paris.

Comment articuler les résurgences brutales de maladies épizootiques, les capacités de production de vaccins limitées pour les laboratoires de médicaments vétérinaires français et européens et la méfiance de certains éleveurs envers la vaccination ? Voilà les débats que la FNPL a invité à sa table.

Le bilan est rude : 10 500 foyers du sérotype 3 de la fièvre catarrhale ovine (FCO 3) ont été comptabilisés dans 65 départements français entre août 2024 et à la fin de mars 2025, ainsi que 16 400 foyers de FCO-8 dans 73 départements.

Face à ce constat, la seule solution « est le recours à la vaccination », a insisté à plusieurs reprises le chef de service des actions sanitaires à la DGAL, Pierre Aubert, invité à la table-ronde de la FNPL. L’État se dit « intimement convaincu de cet excellent outil de prévention ».

Marché des vaccins imprévisible

Pierre Aubert reconnaît cependant la grande difficulté qu’a eue le ministère de l’Agriculture à anticiper totalement la crise. « Nous avons accompagné au mieux la situation au regard de la disponibilité des vaccins, de la capacité des acteurs à se mobiliser, et au regard de nos moyens financiers. »

Pour le président du SIMV, l’État français doit anticiper au maximum ses commandes de vaccins, face à un marché extrêmement imprévisible. Face à des demandes qui affluent de la part des pays européens et de l’international, les industriels du médicament vétérinaire ne peuvent pas suivre le rythme. Certains laboratoires français doivent choisir entre la perspective de commandes fermes à l’autre bout du monde ou l’anticipation de devoir produire des millions de doses pour servir la France. « C’est une vraie prise de risque », décrypte le représentant du SIMV.

« Il y avait urgence »

Ludivine, productrice de lait dans le département du Nord, a vacciné son troupeau contre la FCO-3 à la mi-août 2024, alors que ses vaches étaient déjà touchées par la maladie. « J’ai pensé qu'il était urgent de le faire. Quand je vois certaines fermes autour de moi qui n’ont pas vacciné et qui ont subi des pertes conséquentes, je trouve ça malheureux, d’autant que le vaccin était disponible. » L’éleveuse ne sait pas si les pertes évitées sur l’élevage ont compensé le coût du vaccin.

Les intervenants en profitent pour rebondir sur la responsabilité vaccinale collective des éleveurs face aux épizooties. Pour Jean-Louis Hunault, « vacciner n’est pas un acte individuel mais collectif, c’est du vivre-ensemble ». Et de prendre en exemple la filière avicole qui résiste à la grippe aviaire grâce à une couverture vaccinale très proche des 100 %.

FCO 1 : animaux déjà en estives

Le président du FMSE (Fonds national agricole de mutualisation sanitaire et environnemental) rappelle la difficulté d’être au rendez-vous de la vaccination, notamment en période de pâturage. « Je salue l’engagement de l’État sur la FCO-1, mais je regrette qu’on ait attendu la mi-avril pour passer commande des vaccins. Ils arriveront d’ici à l’été, les animaux seront déjà en estive. » L’efficacité de la barrière vaccinale prévue dans les huit départements limitrophes de l’Espagne, déjà touchée, pourrait être amoindrie.

Le représentant de la DGAL compte sur les Assises du sanitaire pour définir une stratégie d’anticipation pour chaque filière. « Nous souhaitons au travers de ces assises établir des contrats sanitaires filière par filière. » Le combat, pour Pierre Aubert ? « Répartir équitablement les subventions entre chaque filière. » La DGAL attend aussi des filières qu’elles définissent des actions concrètes pour porter collectivement la prévention des épizooties.

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