Bras de fer sur le programme pour la qualité de l’eau en Irlande du Nord
Un plan en préparation sur la réduction des émissions des effluents déclenche la colère des agriculteurs.
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Les agriculteurs d’Irlande du Nord sont à vif face aux dernières propositions gouvernementales visant à améliorer la qualité de l’eau, les qualifiant de « destructrices » et « déconnectées de la réalité ». Depuis des mois, le ministère de l’Agriculture (Daera) expose les possibles réglementations de son Programme d’action pour la fertilisation (PAN) que les agriculteurs devront respecter pour atteindre les objectifs d’amélioration de la qualité de l’eau et du climat.
Réduire épandages et engrais
Ces réglementations incluent l’obligation d’utiliser des équipements d’épandage de lisier à faibles émissions (LESSE), tels que les rampes d’épandage, et la réduction de l’utilisation d’engrais phosphorés. Cependant, les agriculteurs, soutenus par des responsables politiques et une majorité du secteur agricole, se sont mobilisés pour protester contre ces propositions, affirmant qu’elles les contraindraient à cesser leur activité si elles étaient mises en œuvre.
Plusieurs organisations de la filière ont récemment adressé une lettre via des avocats au ministre du Daera, Andrew Muir, demandant le retrait immédiat de la consultation publique sur le PAN. Elles estiment que le processus de consultation, dans sa forme actuelle, est si « fondamentalement vicié » qu’il ne peut se poursuivre légalement. Elles demandent son retrait immédiat et sa reprise après une consultation appropriée du secteur.
Le président du Syndicat des agriculteurs d’Irlande du Nord, William Irvine, insiste. « Il s’agit d’un effort visant à garantir qu’une consultation soit légale et qu’elle implique véritablement les personnes les plus touchées par ces propositions. On ne peut pas construire une réglementation efficace sur des propositions confuses. Nous souhaitons collaborer avec le ministère pour trouver une solution qui protège l’environnement et soutienne une agriculture durable. »
Le ministre tempère
Cependant, le ministre Andrew Muir maintient fermement ces propositions, affirmant qu’il ne s’agit que d’une consultation publique et soulignant qu’aucune décision définitive n’a été prise concernant le PAN.
Stuart Orr, producteur laitier du comté de Down, a détaillé l’impact des propositions du PAN sur sa ferme familiale, comme sur de nombreuses autres en Irlande du Nord. « L’un des principaux problèmes des propositions actuelles du PAN est qu’à terme, les exploitations agricoles devront réduire leur production à des niveaux non viables financièrement. Une autre proposition concerne le renforcement des restrictions sur la quantité d’engrais que j’utilise. Mes vaches produisent du lait à partir d’herbe fraîche ou d’ensilage toute l’année. Si je ne suis pas autorisé à épandre suffisamment d’engrais pour faire pousser mon herbe, je devrais acheter encore plus de concentrés pour les nourrir », peste-t-il.
Et d’ajouter : « les agriculteurs sont prêts à contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau, mais nous ne devons pas être les seuls acteurs. Les propositions du PAN ne peuvent être maintenues en l’état. Elles affectent nos communautés rurales et la qualité supérieure de nos produits ».
Un autre plan pour le climat
Comme si ces propositions du PAN ne suffisaient pas, le Daera vient de lancer une deuxième consultation publique sur le nouveau Plan d’action climat. Ce plan, selon le ministère, définit la voie que l’Irlande du Nord suivra pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2050. Il décrit également comment l’Irlande du Nord atteindra son premier objectif, soit une réduction annuelle des émissions de carbone moyenne de 33 % entre 2023 et 2027 par rapport au scénario de référence.
En examinant de plus près les détails, il est mentionné que les exploitations laitières devraient réduire leurs effectifs de bovins de 22 %, de bovins de boucherie de 17 % et d’ovins, de porcins et de volaille de 18 %. Cela a encore exaspéré les agriculteurs d’Irlande du Nord, au point que certains ont appelé le ministre Andrew Muir à démissionner de son poste.
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