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Des consortiums pour structurer l’offre en Italie

Federica (la mère) et Chiara (la fille) Dall’Aglio ventent l’effet prix des quotas laitiers et du consortium qui lui permettent de valoriser leur lait de 20 à 30 % au-dessus de leur coût de production.

L’étroite collaboration entre agriculteurs et industriels italiens permet de maintenir des prix rémunérateurs.

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Fruit d’une longue politique agricole basée sur les produits sous signes de qualité, l’agriculture italienne s’exporte bien. Afin de trouver un équilibre entre la demande et l’offre, plusieurs signes de qualité ont levé une option contenue dans le règlement européen UE 1308/2013. Les 292 organismes de défense et de gestion reconnus par le ministère de l’Agriculture, dit « consortiums » ont notamment pour mission de promouvoir des accords de planification de la production basée sur leurs marchés.

C’est ce que n’hésitent pas à faire, par exemple, les consortiums de Parmigiano Reggiano et du Prosciutto di Parma. Ils attribuent aux opérateurs principaux de la filière, en l’espèce les affineurs, des quotas de mise sur le marché. « Nous avons estimé à 8,4 millions le nombre de jambons que le marché est prêt à acquérir, permettant ainsi de maintenir des prix de vente et à la production, pour nos 130 affineurs et les 3 600 fermes productrices », affirme Simone Calzi, responsable des affaires juridiques du consortium Prosciutto di Parma.

Les opérateurs qui dépasseraient leur quota sont pénalisés : pour le jambon de 1,5 € par sceau à 20 €, quand le quota est dépassé de 20 % et pour le fromage, 12 € par quintal, voire 30 € quand le quota est dépassé de plus 20 %. Les affineurs peuvent se louer ou se vendre entre eux, tout ou partie de leur quota : 6 € par sceau de jambon et environ 110 € par quintal de fromage. « Il ne s’agit pas de figer les parts de marché, ce qui serait anticoncurrentiel. En effet, de nouveaux opérateurs peuvent entrer sur le marché et acquérir auprès du consortium des quotas », explique-t-il. Les accords durent de trois à six ans.

Le consortium exemplaire

Le consortium du Parmigiano Reggiano est allé plus loin, en établissant aussi des quotas laitiers auprès de ses 2 400 fermes. « Ainsi, le quota n’est pas descendant de l’affineur à l’éleveur en passant éventuellement, par la laiterie. L’éleveur qui a un quota et voudrait changer de laiterie le pourrait », résume Alberto Pecorari, responsable des services institutionnels du Parmigiano Reggiano. Ce consortium est considéré en Italie et plus largement dans le secteur laitier européen comme un modèle vertueux.

Même si légalement les opérateurs principaux de la filière (souvent les industriels) détiennent au minimum 60 % des droits de vote, les agriculteurs via les laiteries coopératives et les producteurs fermiers restent très présents. C’est le cas de la ferme familiale Dall’Aglio à Gattatico, qui siège au consortium. La ferme de polyculture-élevage compte 950 têtes dont 420 vaches laitières, élevées par cinq associés et neuf salariés, sur 250 ha. En 2023, l’exploitation a acquis 5 000 quintaux, pour 550 000 € empruntés à la banque, sans que cette dernière ne demande pour autant de garantie. « On achète des quotas quand les cours sont accessibles, ils sont montés jusqu’à 160 € », se souvient Federica Dall’Aglio.

Les droits de vote d’un affineur sont proportionnels à ses volumes, sans qu’un opérateur puisse détenir plus de quatre fois le nombre de droits de vote du plus petit. Ce type de régulation des volumes ne fonctionne qu’avec des produits à longue conservation comme les salaisons, les fromages à pâte pressées, les miels, constate Lucia Fidelio, l’agent de contrôle du consortium des oranges rouges de Sicile sous IGP, qui lui ne peut pas imposer de quotas.

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