160 tonnes de maïs ukrainien, déversées sur une voie ferrée en Pologne
Huit wagons contenant du maïs, en provenance de l’Ukraine selon Kiev, ont été ouverts et leur contenu déversé dimanche sur une voie ferrée en Pologne, ont annoncé le gouvernement ukrainien et la police polonaise.
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L’incident, qui s’est produit dans la matinée du 25 février 2024, semble être un nouvel épisode des protestations des agriculteurs polonais contre les importations de denrées agroalimentaires ukrainiennes, jugées non conformes aux normes européennes et bien moins chères que les produits locaux. Le vice-Premier ministre ukrainien Oleksandr Koubrakov a dénoncé sur son compte X « 160 tonnes de céréales ukrainiennes détruites », alors qu’elles étaient « en transit vers le port (polonais) de Gdansk, puis vers d’autres pays ».
These pictures show 160 tons of destroyed Ukrainian grain. The grain was in transit to the port of Gdansk and then to other countries.
— Oleksandr Kubrakov (@OlKubrakov) February 25, 2024
The fourth case of vandalism at Polish railway stations. The fourth case of impunity and irresponsibility.
How long will the government and… pic.twitter.com/fMVdtBgl3i
C’est le « quatrième cas de vandalisme dans les gares polonaises », s’est insurgé le ministre ukrainien, en appelant le gouvernement polonais à mettre fin à ce genre d’actes d'« impunité et d’irresponsabilité ».
Lors de sa conférence de presse consacrée dimanche au deuxième anniversaire de l’agression russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé qu’il était « injuste d’utiliser l’Ukraine pour faire pression sur les institutions européennes. Il est très important pour nous de préserver l’union avec la Pologne, a-t-il assuré. Mais si aucune mesure n’est prise (par Varsovie), nous protégerons nos entreprises. »
Huit wagons vidés
Interrogée par l’AFP, la police polonaise a confirmé qu’un incident avec du maïs ukrainien « a bien eu lieu » alors que le train était en arrêt « sur une voie ferrée auxiliaire à Kotomierz », à près de 300 kilomètres au nord-ouest de Varsovie. « À 09h13 ce matin, on nous a appelé pour dire que huit wagons de maïs ont été déversés sur la voie ferrée », a déclaré à l’AFP Lidia Kowalska, porte-parole de la police de Bydgoszcz, sans pouvoir confirmer qu’il s’agissait bien de maïs ukrainien.
Des protestations d’agriculteurs se déroulent depuis plusieurs semaines en Pologne, les fermiers bloquant des routes à travers le pays et les postes frontaliers avec l’Ukraine. Ils ont commencé à bloquer dimanche un important poste frontalier avec l’Allemagne, à Slubice, sur l’autoroute A2 coupée désormais dans les deux directions, pour au moins 24 heures.
La Pologne compte parmi les plus grands soutiens de l’Ukraine depuis le déclenchement de l’offensive russe en février 2022, mais leurs relations sont empoisonnées ces derniers mois par des contentieux commerciaux, notamment par l’ouverture, par Bruxelles, des frontières européennes aux produits agricoles ukrainiens.
Le Premier ministre ukrainien tente la conciliation
Vendredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait, en vain, envoyé vendredi son Premier ministre à la frontière avec la Pologne, bloquée par des agriculteurs polonais en colère contre l’entrée de produits ukrainiens dans lesquels ils voient une concurrence déloyale. Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal s’est rendu à un poste-frontière, où il a fait chou blanc.
« Malheureusement, cette réunion avec les responsables polonais n’a pas eu lieu aujourd’hui », a-t-il déploré sur Telegram. Denys Chmygal a diffusé une photo sur laquelle on le voit à un poste-frontière en compagnie de plusieurs autres responsables de son gouvernement, notamment le ministre de l’Agriculture.
Le gouvernement polonais a réagi en assurant à l’AFP que Varsovie et Kiev étaient « loin d’un accord » sur l’importation des produits agricoles ukrainiens ainsi bloqués à la frontière. « Malheureusement, il n’existe à ce jour aucune proposition ukrainienne permettant d’espérer une sortie de l’impasse dans laquelle se trouvent les relations commerciales », a lâché vendredi soir le chef de cabinet du chef du gouvernement polonais, Jan Grabiec.
Volodymyr Zelensky avait annoncé mercredi que son gouvernement se rendrait à la frontière polonaise avant le 24 février, et demandé au Premier ministre polonais Donald Tusk de faire de même. « Une réunion de ce type […] n’a selon nous aucun sens à l’heure actuelle », a répliqué ce dernier, interrogé sur l’absence de la partie polonaise pour rencontrer Denys Chmygal à la frontière.
Une réunion annoncée le 28 mars
« Il n’y a pas de solutions mutuellement satisfaisantes et il est inutile d’organiser une réunion pour confirmer qu’il n’y a pas de compromis », a-t-il souligné. Le Premier ministre polonais, qui a assuré être « en contact permanent » avec son homologue ukrainien, a en outre rappelé qu’une réunion entre les deux gouvernements était déjà prévue pour le 28 mars à Varsovie.
« La question du blocus de la frontière doit être réglée bien plus rapidement que le 28 mars », a quant à lui insisté le chef du gouvernement ukrainien sur Telegram. « Dans le cas contraire, l’Ukraine se réserve le droit d’appliquer des mesures de rétorsion aux points de passage », a menacé Denys Chmygal, précisant que « plus de 9 000 camions » étaient bloqués actuellement des deux côtés de la frontière.
Il a affirmé que son pays n’exportait plus de céréales vers la Pologne depuis cinq mois et que ne transitaient par le territoire polonais que 5 % de ses exportations céréalières, la plus grande partie étant acheminée par la mer Noire. « Le blocus porte un coup aux économies de nos deux pays », entravant aussi les exportations polonaises vers l’Ukraine qui se montent à 12 milliards de dollars par an, a argué Denys Chmygal.
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