Allemagne : les agriculteurs en colère manifestent à nouveau
Les agriculteurs allemands ont entamé ce lundi 8 janvier 2024, une semaine de protestation contre la politique agricole du gouvernement d’Olaf Scholz. Ils ont notamment envoyé des convois de tracteurs bloquer plusieurs entrées d’autoroutes dans tout le pays.
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Les actions à l’appel de l’Union des agriculteurs allemands (DBV) sont généralisées dans des grandes villes allemandes et autour d'elles au premier jour d’un mouvement social qui doit se poursuivre jusqu’à lundi prochain.
Des tracteurs sur les autoroutes et en pleine ville
Les autorités ont signalé de fortes perturbations du trafic routier au début de la matinée dans presque toutes les régions allemandes, du Bade-Wurtemberg et la Bavière au sud, en passant par le land le plus peuplé de l’Allemagne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie jusqu’au nord du pays.
Dans le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, l’ensemble des entrées d’autoroutes étaient bloquées, a indiqué la police de Rostock (nord-est). Des embouteillages de camions ont également été observés à la frontière entre l’Allemagne, la Pologne, la République tchèque et la France.
Les premiers convois de tracteurs sont entrés dans les métropoles de Hambourg et Brême, au nord, paralysant en partie le trafic. À Cologne (ouest), la police locale a fait état d’un rassemblement « nettement » plus important que prévu. Quelque 500 tracteurs sont arrivés en ville, contre 120 annoncés par les agriculteurs.
À Berlin, quelque 700 engins agricoles ont pris position au cœur de la capitale, près de la porte de Brandebourg, selon la police. « Si les agriculteurs meurent, le pays meurt », « Sans nous, les assiettes restent vides », « Le gouvernement doit partir », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants.
« Nous ne gagnons tout simplement pas assez d’argent avec nos produits et nous travaillons 365 jours par an », témoigne Jenny Zerbin à l’AFP, productrice de produits laitiers de 34 ans dans la région voisine de Berlin.
Restrictions budgétaires
La colère des agriculteurs s’était enflammée en décembre à la suite d’une décision budgétaire du gouvernement en raison d’un rappel à l’ordre des juges constitutionnels portant sur les strictes règles de l’Allemagne. Les protestations des agriculteurs concernaient la suppression de deux niches fiscales dont bénéficient les exploitations agricoles : la ristourne fiscale sur le diesel agricole et l’exemption historique d’impôt automobile pour les véhicules agricoles.
Sebastian Schumann, 33 ans, a dit avoir ressenti « une colère pure » : « Il faut bien voir un peu plus loin que le bout de son nez. Quelles sont les conséquences ? Les prix des aliments augmentent, tout devient plus cher », a affirmé ce travailleur agricole de l’Ouest.
Face aux protestations, le gouvernement a adouci jeudi ses projets : l’avantage fiscal accordé sur les quantités de gazole consommées sera ainsi supprimé progressivement jusqu’en 2026 et non d’un coup, comme prévu initialement.
De plus, l’avantage en matière de taxe sur les véhicules pour la sylviculture et l’agriculture sera maintenu. Un compromis jugé insuffisant par la profession. Le ministre des Finances, Christian Lindner, a vertement critiqué samedi la forme des protestations d’un secteur qu’il juge par ailleurs déjà « hautement subventionné » et a jugé les actions de blocus « disproportionnées ».
La ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser (social-démocrate), a exhorté les agriculteurs à ne pas bloquer les voies pour les ambulances. « Nous devons partir du principe que les extrémistes de droite infiltrent les manifestations » afin « de s’en prendre à l’État et de diffamer certains responsables politiques », a-t-elle également estimé auprès du journal Rheinische Post dimanche.
Jeudi soir, une trentaine d’agriculteurs échauffés s’en était pris au ministre de l’Économie, Robert Habeck (Verts), empêchant le ferry où il se trouvait d’accoster alors qu’il revenait de quelques jours de congé sur Hallig Hooge, une île touristique dans la mer du Nord.
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