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Les coupes budgétaires fâchent toujours les agriculteurs allemands

La suppression progressive de l’avantage fiscal pour le gazole agricole et non d’un coup, comme prévu initialement, n'a pas apaisé les agriculteurs allemands.

Malgré la demie volte-face du gouvernement allemand, des agriculteurs en colère contre la suppression progressive d’un avantage fiscal sur le gazole ont bloqué un ferry avec, à son bord, le ministre de l’Économie.

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Face à la colère des agriculteurs allemands contre la politique budgétaire du pays, Berlin a partiellement renoncé à ses projets de coupes des subventions au carburant pour le secteur agricole. « Contrairement à ce qui était prévu, l’avantage en matière de taxe sur les véhicules pour la sylviculture et l’agriculture est maintenu », indique un communiqué du gouvernement allemand en date du jeudi 4 janvier 2024.

En outre, la suppression de l’avantage fiscal pour le gazole agricole se fera progressivement jusqu’en 2026 et non d’un coup, comme prévu initialement, « afin de donner aux entreprises concernées davantage de temps pour s’adapter ». « En 2024, le taux d’exonération sera réduit de 40 %. En 2025 et 2026, une nouvelle réduction de 30 % aura lieu, de sorte que les quantités consommées en 2026 ne seront plus subventionnées », précise le gouvernement.

Ces décisions sont le fruit d’un accord conclu jeudi entre le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, le vice-chancelier écologiste Robert Habeck et le ministre des Finances, le libéral Christian Lindner. Malgré ce rétropédalage, les agriculteurs ne décolèrent pas.

Opposition vive des agriculteurs

Après une grande manifestation à Berlin une semaine avant Noël, à la suite de l’annonce des projets de coupes de subventions, près d’une trentaine d’agriculteurs opposés à la suppression progressive de l’avantage fiscal sur le gazole ont empêché d’accoster jeudi soir le ferry où se trouvait le ministre de l’Économie, Robert Habeck, a déclaré un porte-parole de la police à l’AFP.

L’action des manifestants, qui s’est déroulée à Schlüttsiel, une commune dans le nord-ouest du Schleswig-Holstein, a suscité une vague de condamnations au sein du gouvernement d’Olaf Scholz. Après une tentative de pourparlers avortée avec les manifestants, le ministre a décidé de rester sur le navire et de retourner en direction de Hallig Hooge, une île touristique en mer du Nord, où il venait de passer ses congés. Une fois le calme revenu, il a pu rejoindre le continent vendredi à 0h50 GMT avec les autres passagers du ferry, selon la police.

Une centaine d’agriculteurs conduisant leurs tracteurs s’étaient joints à cette action de protestation que la police a dispersée en tirant du gaz lacrymogène mais sans procéder à des interpellations. « Ce qui m’inquiète, c’est que l’ambiance dans le pays s’échauffe tellement », a réagi Robert Habeck dans un communiqué du vendredi 5 janvier 2024, remerciant aussi les autres passagers et l’équipage sur le bateau ainsi que la police qui a sécurisé le navire.

Les syndicats prennent leur distance

« Manifester en Allemagne est un atout précieux », mais « le recours à la force et la violence détruit cet acquis », a ajouté le ministre. Ce blocage est « honteux et viole les règles de la coexistence démocratique », avait déclaré plus tôt le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit sur le réseau social X (anciennement Twitter). Le ministre de l’Agriculture, Cem Özdemir, a dénoncé, sur la chaîne publique ZDF, une action menée par « une minorité » de gens « qui ne s’engagent pas pour l’agriculture allemande » mais qui ont « des rêves de révolte », ce qui n’est « pas acceptable ».

De son côté, la fédération des agriculteurs allemands (DBV) a pris ses distances avec les manifestants de la nuit, son président Joachim Rukwied estimant que « de tels blocages sont interdits ». Ce dernier insiste toutefois : « Notre position reste inchangée : les deux projets de coupes doivent disparaître », jugeant l’annonce de jeudi « insuffisante ». Par ailleurs, la DBV a renouvelé son soutien concernant la semaine de mobilisation et de manifestations prévue du 8 au 15 janvier pour faire pression sur le gouvernement.

La décision de supprimer ces subventions était due au casse-tête auquel s’est trouvé confronté le gouvernement du chancelier Olaf Scholz quand la Cour constitutionnelle a annulé en novembre 2023 une enveloppe de 60 milliards d’euros de crédits budgétaires. Cet arrêt retentissant l’avait obligé à tailler dans ses dépenses des années 2023 et 2024. Le souhait du gouvernement allemand est maintenant de soumettre ce projet budgétaire pour 2024 au vote du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, dès ce mois de janvier.

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