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« De nombreux agriculteurs allemands restent prudents sur les nouvelles mesures »

Pour Thore Cordes, subventionner les mesures environnementales peut permettre d'éviter les interdictions.

Thore Cordes, 26 ans, travaille au sein d’une grosse exploitation familiale en Basse-Saxe, dans le nord-ouest de l’Allemagne, alliant cultures et élevage porcin. Engagé dans une organisation de jeunesse agricole, il est membre du comité de suivi du plan stratégique régional de mise en œuvre du deuxième pilier de la Pac.

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Qu’apporte un tel document stratégique ?

Les mesures relevant du premier pilier de la Pac sont gérées largement au niveau fédéral. Au niveau régional, nous concevons les mesures relevant du second pilier. Dans la précédente période de la Pac, il y avait déjà un programme en Basse-Saxe et un comité de suivi. Maintenant, il y a ce document national qui donne la direction générale comme celle de soutenir l’agriculture bio. La nouveauté est de devoir s’y retrouver entre les compétences relevant du plan stratégique national et celui du Land.

Dans le programme national et celui de votre région, la moitié des dépenses est consacrée à des mesures environnementales et climatiques. Pertinent ou trop ambitieux ?

Les programmes de subventions sont pertinents. De notre expérience d’exploitation en zone naturelle protégée, les interdictions conduisent toujours à réduire la capacité d’action. Une approche coopérative coûte sans doute plus cher que les interdictions mais c’est la seule manière qui fonctionne afin de faciliter la transformation de la production. On aurait pu naturellement soutenir plus directement l’agriculture mais nous devons prendre en compte que si nous n’atteignons pas ces objectifs grâce aux subventions, l’alternative sera des interdictions.

La Basse-Saxe est au-dessous de la moyenne nationale pour la mise en œuvre de mesures environnementales facultatives relevant du premier pilier.

L’accueil des mesures du premier pilier est réservé en cette première année. De nombreux agriculteurs restent prudents sur les nouvelles mesures. Il reste des interrogations sur leur contrôle. Parfois, la conception de certains programmes laisse transparaître qu’ils ne sont pas rentables. Les améliorations nécessaires sont apportées au fur et à mesure.

Une évaluation du plan stratégique de la Basse-Saxe est prévue en novembre. Quel regard portez-vous ?

Je trouve difficile d’évaluer l’acceptation des programmes à ce stade, dès la première année. On a le même problème que pour le premier pilier. Les gens sont attentistes. Je trouve très intéressante la prime au bien-être animal pour les éleveurs de porcs à queue non coupée car l’élevage porcin fait face à de grands défis et le programme est très ambitieux.

Où situez-vous les faiblesses de ce plan stratégique ?

Il paraît manquer parfois de coordination avec l’échelon national. Dans l’élevage, nous avons ici un programme de subvention pour la modernisation des stalles au profit du bien-être animal. J’ai l’impression que cela ne va pas tout à fait de pair avec les idées retenues à Berlin. On va continuer encore un an mais, nous dit-on, le gouvernement fédéral va ensuite introduire un programme spécifique pour les éleveurs porcins et il faudra voir ce qu’il contient. Le revers de la médaille d’une approche régionale est d’avoir parfois d’autres attentes quand la fédération y va de son propre programme. Comme souvent en Allemagne, il faut rappeler que le poids de la bureaucratie est particulièrement lourd. Les demandes de subvention doivent toujours être transmises par fax ou par courrier !

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