Relations commerciales Des négociations à vau-l’eau
Le Comité de suivi des négociations commerciales s’est réuni vendredi 19 janvier. Comme d’habitude, chacun se renvoie la responsabilité de discussions tarifaires vipérines.
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« Qui ment ? » Jérémy Decerle, président des Jeunes Agriculteurs (JA), a mis les pieds dans le plat lors de la réunion du Comité de suivi des négociations commerciales, qui s’est tenue le 19 janvier 2018. Car entre les industriels qui se plaignent depuis plusieurs semaines déjà de pression sur la baisse des prix et les distributeurs qui les accusent de réclamer des hausses déconnectées des marchés, il n’est pas simple de savoir qui porte la responsabilité de discussions tarifaires devenues désastreuses. Ça coince dans les box de négociations, en dehors aussi.
C’est justement pour y voir plus clair que le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, dit avoir organisé cette réunion. Et aussi pour « asseoir la crédibilité de l’ensemble du processus engagé avec les États-généraux de l’alimentation », ajoute sa collègue Delphine Geny-Stephann, secrétaire d’État auprès de Bercy. Car une charte a été signée avec les différents acteurs de la filière, en novembre 2017, et elle semble aujourd’hui bien enterrée. Cochon qui s’en dédit ?
Un « point d’étape qualitatif »
« Nous avons fermement rappelé à chacun que cette charte constitue un engagement politique et moral », a expliqué Stéphane Travert aux journalistes, à l’issue de cette rencontre d’une heure et demie. Pas question pour autant d’avancer des chiffres sur les tractations en cours, ou de nommer des têtes à couper. Il s’agit avant tout d’un « point d’étape qualitatif » pour permettre à chacun de s’exprimer, ont appuyé les ministres.
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, en a donc profité : « On a vraiment l’impression qu’on ne vit pas tous dans la même France », a-t-elle lancé, regrettant que les distributeurs « ne jouent pas le jeu ».
< blockquote class = "twitter-tweet » data-lang = "fr"> < p lang = "fr » dir = "ltr"> Bilan très négatif de DG Concurrence sur négociations commerciales en cours. < a href = "https ://twitter.com/EmmanuelMacron?ref_src=twsrc%5Etfw"> @EmmanuelMacron doit accélérer la loi !! pic.twitter.com/B3rlffECyb
&mdash ; Christiane Lambert (@ChLambert_FNSEA) < a href = "https ://twitter.com/ChLambert_FNSEA/status/954319185823268864?ref_src=twsrc%5Etfw"> 19 janvier 2018
Face à la grogne, le gouvernement s’est engagé à « renforcer les bases méthodologiques du suivi des négociations » pour « avoir des données objectives » et ne plus se contenter de vagues remontées, sans moyennes. Et en attendant la loi sur les relations commerciales, qui devrait être présentée le 31 janvier 2018, la DGCCRF devrait accentuer ses contrôles. « Le médiateur des relations commerciales agricoles va rencontrer prochainement les différents participants afin d’approfondir les éléments fournis et d’échanger sur des pistes d’amélioration », fait-on par ailleurs savoir.
« Du pipo »
« Du pipo », a commenté le patron de Lidl France, Michel Biero, un catalogue d’Intermarché vantant des promotions à « –70 % » sous le bras… « Tant que l’État ne mettra pas en place une transparence totale et un prix minimum payé à l’éleveur, des réunions comme ça, on en refera tout le temps ! »
Une prochaine réunion prévue avant le Salon de l’agriculture, à la fin de février, devrait permettre de faire un bilan plus précis. D’ici là, il s’agit de « continuer à mettre les gens sous pression », promet le gouvernement. Une mission dont les agriculteurs n’hésiteront pas à se charger aussi, si les échos des box ne s’améliorent pas. « Il ne faudra pas être surpris de voir des bennes de fumier déversées », a prévenu Jérémy Decerle avant de quitter la réunion, énervé.
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