2020, l’année de tous les chantiers 2020, l’année de tous les chantiers

Que ceux qui doutent des capacités d’adaptation des agriculteurs jettent un œil au dossier de ce numéro de La France agricole (p. 46). Ils découvriront 25 astuces d’éleveurs pour améliorer leurs conditions de travail et le bien-être de leurs animaux.

Avec des bouts de ficelle et du bon sens, ces exploitants ont mis au point des outils qui leur simplifient la vie et l’astreinte quotidienne. Certains les qualifieront de bricoleurs de génie. Et bien non ! Ce sont des professionnels qui ont à cœur leur métier, ainsi que de nourrir leurs semblables pas toujours très reconnaissants.

Les bricoleurs sont ailleurs, dans des bureaux, à dresser de grands plans pour l’agriculture. Ils ne manquent jamais d’idées pour échafauder de nouvelles contraintes dans lesquelles les agriculteurs sont pris en étau. La dernière en date : les ZNT, les zones de non-traitement destinées à protéger les riverains (lire en p. 19). Avant, il y a eu le glyphosate dont le gouvernement a décrété l’interdiction sans vraiment s’interroger sur les conséquences pour le monde agricole. Pour les ZNT, empêtré dans les grèves, le Premier ministre a laissé la main à ses ministres. Le 20 décembre 2019, en fin de journée et en toute discrétion, un communiqué de presse a officialisé le dispositif entré en vigueur au 1^er janvier 2020.

Il a fallu attendre plus d’une semaine pour que paraisse le décret fixant les modalités d’élaboration des chartes départementales. Et qui se retrouve coincé entre le marteau (le préfet qui validera la charte), et l’enclume (les associations de riverains ou environnementalistes) ? Les agriculteurs, une fois de plus. Les organisations syndicales, représentatives du département ou à la chambre d’agriculture, ont la charge d’élaborer les chartes, et de la soumettre à la consultation du public. En attendant, ceux qui ont semé du colza ou du blé ne savent pas comment ils géreront les bandes de terrain à proximité d’habitations.

Ce sont les mêmes bricoleurs, ou plutôt bidouilleurs, qui ont écrit la loi publiée après les États généraux de l’alimentation. Tout le monde est d’accord pour dire que le compte n’y est pas. Y sera-t-il davantage en 2020 ? Soyons optimistes, mais pas naïfs, car ce sont surtout les distributeurs qui demandent de laisser une seconde chance au système.

Espérons que 2020 apportent de vrais changements. Un vrai plan protéines, par exemple, que Didier Guillaume a annoncé en juin, puis en septembre, puis en novembre… Sans parler du chantier qu’il a ouvert sur le bien-être animal, et des discussions sur la future Pac. Les agriculteurs auront besoin d’un ministre qui les défend vraiment, et pas seulement sur les plateaux de télévision ou à la radio, d’un ministre à l’écoute du bon sens paysan, qui ne se laisse pas distraire par d’autres ambitions, comme les élections municipales. En attendant tous ces changements, nous vous adressons nos meilleurs vœux pour 2020 !