Semoirs monograines ● Cinq modèles à l’épreuve du maïs● L’offre du marché
En partenariat avec nos confrères allemands de Top Agrar et la DLG, nous avons testé cinq semoirs à maïs en configuration haut de gamme à 8 et 10 km/h.Dossier réalisé par H. Etignard, V. Gobert, C. Le Gall et P. Peeters, en collaboration avec Top Agrar
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Plus rapides, plus précis, plus électroniques : les constructeurs équipent désormais de pied en cap leurs semoirs à maïs. Si les semoirs rapides font une percée notable, les modèles classiques conçus pour travailler autour de 9 km/h restent la machine favorite pour emblaver du maïs. Nos collègues allemands du magazine Top Agrar ont organisé un test européen de semoirs monograines au printemps 2016. Les machines testées sont des versions à huit rangs avec trémie de fertilisation arrière et vis de ravitaillement. Ces semoirs sont souvent les héritiers de modèles qui ont plus de 15 ans et qui ont été largement modernisés. Ainsi l’entraînement hydraulique ou électrique de la distribution et les coupures automatiques de rangs ont apporté un net progrès au niveau du confort d’utilisation. De leur côté, les roulettes de plombage assurent une mise en place parfaite de la graine sur le rang. Cinq constructeurs ont répondu positivement à l’invitation de Top Agrar : Amazone, Kongskilde, Kuhn, Kverneland et Monosem. Seul Maschio a décliné l’invitation. Tous se sont présentés à l’essai avec des disques adaptés au semis sous mulch et un écartement de 75 cm.
Jusqu’à 10 km/h
L’essai s’est déroulé dans le nord-ouest de l’Allemagne, sur un sol sablonneux labouré et derrière une reprise bien rappuyée. Le 20 avril 2016, chaque machine a semé plusieurs parcelles à 8 puis 10 km/h. Un Claas Arion 650 a emmené successivement les machines. Afin de tenir précisément l’écartement, notre Arion était équipé d’un guidage GPS avec correction RTK. Ce dispositif nous a aussi permis de contrôler la vitesse, sans patinage. Le même chauffeur a semé toutes les parcelles. Les spécialistes produit de chaque constructeur ont procédé au réglage de leur machine sur une parcelle mise à leur disposition. Tous ont utilisé la même semence (LG 3216), dans les mêmes conditions de terrain. La consigne était de semer les graines à 5 cm de profondeur exactement. L’engrais starter (150 kg/ha de 20-20-0) devait être localisé à 5 cm sous la graine et à 5 cm sur le côté. La consigne de semis était de viser un écartement de 15,7 cm, soit 85 000 pieds/ha. Les conditions de levée ont été jugées satisfaisantes, même si le froid a endommagé quelques plantules, ce qui explique le pourcentage de manques anormalement élevé sur l’ensemble de l’essai.
Des mesures certifiées par la DLG
La DLG (Société des agriculteurs allemands) a délégué plusieurs de ses ingénieurs pour réaliser les mesures sur la précision du semis. Un ingénieur a poussé un appareil enregistreur le long du rang de plantes pour relever la distance entre les pieds au millimètre près. Pour éviter le patinage, les deux roues de l’enregistreur sont reliées. La DLG considère qu’il y a un « double » ou « doublon » lorsque l’espacement entre deux plantules est inférieur à 0,5 fois l’espacement réel et un « manque » lorsqu’il est supérieur à 1,5 fois l’espacement réel. Un manque ne signifie donc pas forcément que la graine est absente mais qu’elle a été déposée trop loin. L’écart-type de l’espacement réel correspond à la précision d’espacement. Les manques et les doubles ne sont pas pris en compte dans la précision d’espacement. Les différences mesurées entre les divers semoirs ne représentent que quelques millimètres. Entre la meilleure précision d’espacement du Kuhn Maxima et la plus mauvaise du Kongskilde, il n’y a que 2 cm.
Mieux que les semoirs rapides
À 8 km/h, nos cinq semoirs classiques déposent les graines avec une petite précision supplémentaire par rapport aux semoirs à maïs grande vitesse (12 à 15 km/h) que nous avions testés il y a quatre ans sur les mêmes parcelles et avec les mêmes semences. Toutefois, nos mesures au moment de la récolte ont montré qu’une précision d’espacement plus ou moins bonne n’a que peu d’influence sur le rendement. En outre, certaines parties de nos semoirs conventionnels ont largement profité des progrès apportés sur les semoirs rapides comme la roue de plombage. Nous avons aussi constaté que les nouveaux entraînements hydrauliques et électriques offrent plus de confort d’utilisation, même s’ils ne sont pas indispensables pour réaliser de la coupure automatique de rang par GPS. Le test de ces coupures a d’ailleurs été un point marquant de notre comparatif car, selon les calculs de la DLG, ce dispositif peut faire économiser jusqu’à 10 €/ha en semences. Tous les systèmes fonctionnent correctement, mais il faut l’aide du constructeur pour réaliser le premier paramétrage. Enfin, il est important de prendre en compte le poids élevé de ces ensembles avec fertiliseur. Certains peuvent peser jusqu’à cinq tonnes lorsque les trémies de semences et du fertiliseur sont pleines. Selon les tracteurs, cela peut représenter une charge sur l’essieu arrière pouvant dépasser les douze tonnes.
Des points à revoir
Dès les premiers jours du test, un défi de taille s’est présenté : adapter cinq appareils sur un même tracteur. Ce défi, les agriculteurs qui investissent en Cuma ou en copropriété le rencontreront aussi et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du travail.
Premier chantier : l’hydraulique. Mieux vaut avoir un coffre plein de flexibles et de raccords pour économiser des voyages chez le concessionnaire. Un semoir nécessitait une prise Power Beyond qui n’était pas présente à l’origine sur le tracteur. Bref, l’hydraulique n’est pas standardisée et ça se voit sur les semoirs monograines.
Deuxième chantier : l’Isobus . L’Isobus a correctement fonctionné avec tous les semoirs de l’essai. Néanmoins, l’alimentation de la prise Isobus était insuffisante pour l’un des semoirs à entraînement électrique. Il a donc été nécessaire de tirer un câble et de se raccorder directement à la batterie.
Troisième chantier : les coupures de rangs. La configuration initiale du terminal pour la coupure de rangs a fait douter plus d’un représentant des constructeurs. Il est clair que cette procédure gagnerait à être largement simplifiée. Concessionnaires comme agriculteurs doivent être déconcertés quand ils sont face à un écran leur demandant de paramétrer la vitesse de transmission de l’information et les fréquences variables !
Quatrième chantier : le design. À quoi cela sert-il d’avoir la plus belle trémie en plastique du monde si la bâche ne reste pas hermétiquement fermée ou qu’elle doit être enroulée à la main avant chaque remplissage ? S’il faut retenir quelque chose sur le design des machines du test, c’est que la trémie d’origine Accord du semoir Kverneland est bien peu attirante, avec ses angles taillés à la serpe, mais que c’est de loin la plus pratique. Pour le matériel agricole, la fonction devrait toujours l’emporter sur l’esthétique.
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