Soja, sorgho, chanvre, tournesol, pois chiche : les cultures de demain ?
Le CGAAER s’est penché sur l’évolution des assolements dans le cadre du Varenne de l’eau. Il conclut à l’intérêt croissant de certaines cultures, qui font toutefois face à des freins économiques, agronomiques et d’organisation de filières.
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« Tous facteurs confondus, les cultures étudiées qui paraissent intéressantes du point de vue de la résilience [face au changement climatique] sont : tournesol, soja, sorgho, méteils, pois chiche, prairies multi-espèces, chanvre, pistache », indique la délégation interministérielle pour le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique (Divae) dans un rapport publié le 24 octobre 2023. Celle-ci avait sollicité l’appui du CGAAER (1) dont le rapport a été diffusé le même jour. Soja, sorgho, tournesol, chanvre et pois chiche y ont fait l’objet d’une étude plus approfondie.
Des freins économiques, agronomiques et organisationnels
Ces cultures au potentiel de résilience intéressant se heurtent toutefois à plusieurs obstacles. Économiques d’abord, puisque leur marge brute reste bien en deçà des cultures plus « traditionnelles ». Le manque de compétitivité par rapport aux productions étrangères pèse également sur certaines cultures, à commencer par le soja, cité par la Divae. La forte volatilité des prix, à l’instar du pois chiche, peut également mettre à mal l’organisation d’une entente entre l'amont et l'aval, estime-t-elle.
« Les marges brutes sont cependant sous estimées pour les légumineuses, leur apport favorable en tant que précédent cultural étant attribué à la culture suivante, indique-t-on dans le rapport. On observe aussi [dans certains cas] des marges assez dégradées du fait de rendements faibles ». Ceux-ci découlent notamment de limites agronomiques : un retard dans la recherche variétale, une gestion complexe des adventices et un besoin d’anticipation des impasses dues au retrait de matières actives sont identifiés. Le manque de recherche sur le matériel est également cité, avec l’exemple de la récolte du chanvre.
Enfin, la structuration de filières avec un développement de l’amont et de l’aval simultanée est jugée insuffisante.
Six pistes dégagées
Ainsi, « force est de constater que, malgré une réelle prise de conscience, la réponse du secteur agricole n’est pas encore suffisante », estime le CGAAER. Ce dernier évoque l’opposition entre la réalité économique à court terme des exploitations et entreprises agricoles, et les risques d’une adaptation sur le long terme. « Le changement d’échelle va donc nécessiter […] un accompagnement financier massif de la part des pouvoirs publics », estime-t-il. Six « pistes de travail » ont été émises :
- Évaluer plus précisément l’impact du changement climatique sur les productions agricoles.
- Capitaliser sur les nombreux travaux déjà réalisés par la profession agricole afin de répondre aux demandes des différents plans stratégiques énoncés dans plusieurs politiques publiques distinctes.
- Évaluer précisément la viabilité économique des changements de modèles agricoles en intégrant la recherche fondamentale.
- Identifier les outils publics les plus appropriés pour accompagner les systèmes agricoles dans leur transition et couvrir les risques afférents. La question de la rémunération des externalités (ou retombées externes) positives, comme la captation du carbone, devra notamment être approfondie.
- Examiner la façon d’articuler au mieux l’ensemble des outils de « l’économie des externalités » avec les outils publics.
- Identifier les principales initiatives territoriales en matière d’adaptation au changement climatique afin de les faire bénéficier en priorité des dispositifs d’aides publiques.
(1) Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.
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