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Agriculture régénératrice Grandes cultures : valoriser des pratiques bas carbone

Alain Duphil a réduit ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 111 tonnes de CO2 équivalent entre 2020 et 2021.

Engagé dans une démarche de valorisation carbone avec Soil Capital, Alain Duphil a reçu près de 2800 € pour les 111 certificats carbone qu’il a générés en 2021.

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Cela fait plusieurs années qu'Alain Duphil, établi à Cintegabelle (Haute Garonne), s’est tourné vers l’agriculture régénératrice. Travail du sol réduit et couverts d’interculture sont ainsi de mise sur le GFA Moulas dont il est le gérant. « Le système n’est pas parfait, mais on est en chemin », assure l’exploitant, qui se réjouit de voir s’améliorer la qualité de ses sols. Sur l’exploitation, les TCS (techniques culturales simplifiées) se traduisent par l’utilisation de disques puis d’un Rototiller combiné au semoir ; le sol est si possible travaillé à 5 cm de profondeur au maximum. Lorsque la rotation le permet, des couverts sont semés en interculture avec un mélange de sorgho fourrager et légumineuse (trèfle ou vesce) après un blé dur, un mélange de féverole et phacélie après un maïs, ou encore des tournesols en dérobée après l’orge. Après les céréales à paille, les couverts sont semés par un voisin avec un semoir de semis-direct à dents.

© Hélène Parisot/GFA - La santé des sols dAlain Duphil saméliore avec la diminution du travail mécanique, limplantation des couverts et laction des vers de terre.

Si les premières motivations étaient techniques et agronomiques, l’agriculteur y voit désormais un moyen de limiter l’empreinte climatique de sa production. Pour aller plus loin dans cette voie, il a décidé de s’engager dans le programme Soil Capital Carbon. Créé par la start-up Soil Capital en septembre 2020, il rémunère chaque année les pratiques agricoles favorables au climat dans les systèmes de grandes cultures.  « J’ai reçu mon premier paiement de 2792 € en juillet 2022 », indique-t-il.

0,99 t CO2e/ha en 2021

Comment a été calculé ce montant ? L’agriculteur explique qu'un premier diagnostic a été réalisé en décembre 2020. L'année 2020 sert de référence pour les années suivantes : par rapport à cet état initial, une diminution des émissions de gaz à effet de serre et/ou une augmentation du stockage dans le sol, exprimées en tonnes d'équivalent CO2, tCO2e, sera valorisé (1). Ainsi en 2020, l’exploitation était émettrice à hauteur de 1,74 t CO2e/ha. Alain Duphil explique ce résultat par le maintien du labour avant l’implantation du blé dur après un maïs, pour contrer le risque de fusariose. En automne 2019, les pluies l’avaient également empêché de semer ses couverts : du travail mécanique avait été réalisé pour remplacer l'exploration racinaire. 

« On est payé sur les résultats concrets de l'année écoulée. »

En 2021, le travail du sol a été réduit. « Une partie du blé dur sur labour, 20 ha, a été remplacée par de l’orge », indique Alain Duphil. Ne restait ainsi que 21 ha labourés. Par ailleurs, tous les couverts possibles ont été effectivement semés. Ce faisant, le bilan carbone a été amélioré, passant à 0,99 t CO2e/ha. Le différentiel avec l’année zéro a généré 111 certifications carbone sur l’exploitation.

La somme perçue par l’agriculteur correspond à 80% de la valorisation économique de ces certificats. Soil Capital stocke en effet les 20% restants dans une réserve d’assurance pour s’assurer de la pérennité des pratiques favorables au climat : ils seront reversés à l’agriculteur dix ans plus tard si elles sont maintenues. « Avec ce système, on est payé sur les résultats concrets de l’année écoulée », approuve l’agriculteur. Après soustraction du coût des diagnostics (980€ par an), il s'estime gagnant. « Se passer du labour n’est pas moins rentable, et la valorisation du carbone est un petit bonus. »

Arrêt total du labour

Pour 2022, Alain Duphil est confiant dans l’amélioration de son bilan climatique, et vise donc une augmentation du montant perçu. « Aucune parcelle n’a été labourée pour la campagne 2021-2022, le blé dur a été semé sur un précédent d’orge suivie d’un tournesol en dérobée », indique-t-il en effet.

Respect et liberté de l’exploitant, diagnostics simples voire ludiques, … Alain Duphil se dit très satisfait de la démarche.  Il apprécie par ailleurs que Soil Capital Carbone ne comporte pas de critères relatifs à la diminution de l’usage des produits phytos, contrairement à la méthode Grandes cultures du Label bas carbone. « On ne court pas deux lièvres à la fois : la priorité est donnée à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ». L’agriculteur y voit également une question de reconnaissance, ainsi qu’un processus d’amélioration continue : « s’engager incite à faire mieux ».

(1) Pour les exploitations dont le diagnostic de référence est déjà stockeur net de carbone, les bilans annuels sont comparés à une référence régionale fixe. 

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