Agroécologie « Il faut continuer, on ira très loin ! »
Le ministre s’est félicité, lors d’un colloque, de la réussite des démarches agroécologiques tout en souhaitant aller plus loin. « De manière douce », a-t-il précisé.
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C’est un colloque aux airs de bilan qui se tenait jeudi 15 décembre 2016 au ministère de l’Agriculture, sur le thème de l’agroécologie. Stéphane Le Foll, « toujours très sollicité quand ça ne va pas », était heureux de pouvoir parler devant un amphithéâtre rempli de quelque chose qui marche. Car l’agroécologie, ça marche, à en croire le témoignage de Bruno Gourdon, éleveur auvergnat et président de l’association « Éleveurs autrement » qui compte aujourd’hui 200 membres.
« Éleveur heureux », surtout, a-t-il annoncé d’emblée. C’est presque par hasard, et à cause des difficultés économiques rencontrées, qu’il s’est retrouvé à faire de l’agroécologie. Bilan : « En conservant la même productivité, j’ai réduit de 98 % l’usage des antibiotiques, économisé 10 000 € d’engrais et mes fais vétérinaires sont passés de 6 000–7 000 € à environ 500 € par an. Quant à la qualité de vie, je ne reviendrais pas en arrière ! » Quelles aides a-t-il touché pour sa mutation agroécologique ? « seulement les aides à la formation de Vivéa ». Car rien ne s’est fait tout seul : l’éleveur affiche quelque 250 heures de formation au compteur.
Agriculteurs heureux
Du côté des cultures, l’agroécologie fonctionne aussi, affirmait François Mandin, autre agriculteur heureux, dans le marais poitevin. Mais il prévient : « Pour que l’agroécologie fonctionne, il faut de la bienveillance ! Permettre aux agriculteurs de se projeter dans un avenir où ils ont une place et où ils retrouvent de la liberté. » L’avantage du projet agroécologique lancé par le ministre : « Il nous a fait exister aux yeux des autres, et nous a fourni des moyens humains – chercheurs, partenaires économiques… – pour se mettre au service de notre projet, plutôt que l’inverse ».
C’était bien le but, a confirmé Stéphane Le Foll, qui « savait que les agriculteurs faisaient déjà des choses. Mes visites sur le terrain ont apporté des réponses aux questions que je me posais : comment faire se rejoindre la performance écologique et économique ? » Le tout, « pas au détriment de l’agriculture biologique, au contraire puisqu’on vise 20 % de surface en bio. Mais la mutation ne doit pas concerner que ces 20 % : c’est le travail sur les 80 % restants qui est long… »
Au-delà des chiffres
Invitant à ne pas se focaliser sur les objectifs chiffrés, le ministre a indiqué que ces objectifs – baisse de phytos notamment – seraient atteints « de manière douce ». « Si je me contente d’imposer une baisse de phytos, ça ne marche pas ; si je fais évoluer ma rotation, je réduis mes phytos mécaniquement. » De même en élevage, faire évoluer la ration permet de répondre aux enjeux d’autonomie fourragère, d’économie et d’écologie, s’est-il enthousiasmé. « Par exemple avec le lin, les vaches pètent moins ! Il faut le dire à ceux qui me bassinent avec le méthane ! Et aux entreprises qui ont mis au point des bactéries qui, introduites dans la panse des vaches, réduisent de 30 % les émissions de méthane : c’est bête, avec le lin on fait la même chose ! »
Évoquant encore la bioéconomie, qui ouvrira de nouveaux débouchés tout en luttant contre la pollution plastique, le ministre a conclu : « Il faut continuer ! Avec tout mis bout à bout, on ira très loin, bien plus loin qu’un simple objectif de baisse de phytos ! » Le plus dur étant d’enclencher le processus : « Tout le monde veut que ça bouge, mais il ne faut pas non plus trop que ça bouge… C’est compliqué de faire de la politique, moi je vous le dis ! »
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