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Contrat PSE « J’entretiens des zones humides en prestation de services »

Agriculteur dans le Finistère, Philippe Boëte a signé, via l’association Alli’Homme, un contrat de prestation environnementale avec le Crédit mutuel Arkéa, dans le cadre de sa démarche RSE (1).

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Philippe Boëte est le premier agriculteur à avoir signé, en juin dernier, un contrat de prestation environnementale avec le Crédit mutuel Arkéa par l’intermédiaire de l’association Alli’Homme (2). Objectif : améliorer la rétention en eau de ses parcelles agricoles face au risque d’inondations. L’exploitation porcine de 300 truies naisseur- engraisseur est située à Quéménéven (Finistère), en amont de Quimper, qui a connu des inondations par le passé, quand l’Odet et ses affluents gorgés par les pluies débordaient. L’exploitation compte 6 hectares en zone humide qui longe la rivière Le Steïr, où l’éleveur cultive du maïs grain. L’agriculteur prestataire s’est engagé à mettre en place des actions pour gérer au mieux cette zone humide moyennant rémunération.

Plan de gestion sur trois ans

« Dans la partie plus humide, j’ai implanté 2 ha d’herbe à la place du maïs et j’ai doublé la surface de bande enherbée le long du cours d’eau », explique Philippe Boëte. Sur la partie cultivée, il s’agit de garantir une couverture par des cultures l’hiver avec la mise en place de RGI (ray-grass d’Italie) dans le maïs, pour une meilleure rétention en eau.

Cette contractualisation a été permise grâce au travail mené entre Alli’Homme et le groupe bancaire. Créée en janvier 2018 à l’initiative de la FDSEA et de la chambre d’agriculture du Finistère, l’association Alli’Homme a pour objectif de développer une offre de services environnementaux visant à répondre aux attentes d’entreprises ou d’institutionnels impliqués dans une démarche de préservation du climat, de l’eau et de la biodiversité. « Les agriculteurs sont les principaux gestionnaires des territoires. Ils rendent de nombreux services environnementaux, que nous souhaitons développer dans le cadre de partenariats », détaille Hervé Sévenou, agriculteur, président de l’association et cheville ouvrière du projet.

« Nous sommes les acteurs du territoire et ces préoccupations nous parlent. C’est pourquoi nous avons souhaité l’intégrer dans notre démarche RSE », confirme François L’Haridon, vice-président de la Caisse de Bretagne du Crédit mutuel agricole. Cette collaboration a débouché sur la volonté commune de travailler sur les zones humides du bassin quimpérois (80 ha diagnostiqués). Une réunion a été organisée pour informer les agriculteurs. Le choix a été fait de porter l’enveloppe allouée par le Crédit mutuel Arkéa dans la zone la plus efficiente, la tête de bassin du Steïr.

Concrètement, une convention est passée entre l’entreprise et l’association pour fixer les services rendus. Puis Alli’Homme contractualise avec un agriculteur prestataire. À l’EARL Boëte, le contrat a été signé pour trois ans, avec la mise en place d’un plan de gestion. « Nous avons réalisé un diagnostic des pratiques, afin de déterminer les axes de travail à décliner pour parvenir au service rendu, avec l’appui de conseillers en agronomie », explique Charline Alenda, chargée de projet Alli’Homme. Des autocontrôles seront réalisés chaque année et il y aura un bilan à la fin du contrat. Il s’agit d’une prestation rémunérée, puisqu’il faut compenser la perte de production, le temps passé (les parties ne souhaitent pas communiquer son montant).

Ma contribution RSE

« Ce qui m’a plu, c’est la coconstruction, confie Philippe Boëte. Je suis engagé dans le contrat mais je garde la main sur les moyens pour y arriver, et cela change tout. Avec cette opération, on n’est pas dans le réglementaire avec des sanctions à la clé. » Cette année, dédiée à l’expérimentation de la technique, il n’a pu implanter le RGI que dans une partie des parcelles, à cause de la météo. « Sans ce contrat, je n’aurais jamais osé prendre le risque d’expérimenter cette technique, ajoute le producteur. Avec l’ETA qui m’accompagne, nous allons adapter le matériel et utiliser une bineuse équipée de guidage GPS. Cela nous permettra de gagner en efficience. Acteur de mon territoire, c’est ma contribution RSE sur la carte de visite de mon élevage. »

Et Hervé Sévenou de souligner : « Gestion des zones humides, biodiversité haies…, les agriculteurs doivent garder la main car ils savent faire. Tout l’enjeu est de valoriser le territoire, de le faire vivre, de créer de la valeur ajoutée dans une démarche gagnant-gagnant. »

Reste aujourd’hui à convaincre d’autres acteurs économiques de s’inscrire dans cette démarche.

Isabelle Lejas

(1) Responsabilité sociétale et environnementale.

(2) De l’allium (ciboulette), Ali’Homme signifie l’alliance de l’homme et de la nature pour des territoires vivants. contact@allihomme.bzh.

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