La taxation des engrais russes divise
L’adoption par le Parlement européen des nouvelles mesures pour réduire les importations d’engrais russes fait réagir. Les producteurs d’engrais saluent une mesure qui pourrait « remédier à la dépendance excessive de l’Union européenne aux engrais russes ». Les agriculteurs et coopératives européens regrettent, eux, l’absence d’étude d’impact préalable.
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À partir du 1er juillet 2025, de nouveaux droits de douane s’appliqueront sur les engrais importés dans l’Union européenne depuis la Russie et la Biélorussie. Le Parlement européen a en effet validé, le 22 mai, la proposition de la Commission européenne allant dans ce sens, et ce en « rejetant tous les amendements proposés », regrette le Copa-Cogeca.
Le syndicat, qui représente les agriculteurs et coopératives européens, a réagi dans la foulée : « Les communautés agricoles comprennent et soutiennent l’objectif global poursuivi par les institutions européennes. Cependant, l’absence totale de prise en compte des alternatives d’approvisionnement, l’absence d’analyse d’impact et le manque de clarté sur les implications pour le marché demeurent profondément problématiques. »
La France « sera très vigilante » sur les prix
Le Copa-Cogeca réitère ses demandes d’une « stratégie de diversification ambitieuse ». Il demande notamment de suspendre les droits de douane sur les engrais en provenance de pays tiers autres que la Russie et la Biélorussie, et d’amender la directive nitrates sur les effluents d’élevage transformés. Et d’insister sur la nécessité d’un observatoire des prix des engrais mensuel pour établir une « surveillance extrêmement rigoureuse » du marché jugé « relativement opaque et particulièrement fragile ».
La Coordination rurale « tire la sonnette d’alarme » vis-à-vis des d’un risque d’effet « dévastateur sur les exploitations françaises » dans un communiqué diffusé le 23 mai. Le syndicat demande le report de l’entrée en vigueur de cette taxation, la mise en place de compensations financières pour les agriculteurs impactés et le « développement urgent de filières d’approvisionnement alternatives ».
La France « sera très vigilante sur l’évolution du prix » des engrais, a assuré Sophie Primas, porte-parole du Gouvernement, le 21 mai devant le Sénat. « Et nous serons aux côtés de la ministre de l’Agriculture pour veiller à ce que les agriculteurs ne soient pas pénalisés par ces dispositions. » Pour l’heure, le Parlement précise que la Commission est tenue de « surveiller l’augmentation des prix qui pourrait nuire au marché intérieur et au secteur agricole de l’Union européenne et de prendre des mesures pour atténuer leur impact ».
La hausse de prix des engrais azotés que pourraient représenter ces mesures était estimée, en février, à environ +40 €/t selon le Copa-Cogeca, à environ +10 $/t selon l’Union des industries de la fertilisation (Unifa).
« Collaborer avec toutes les parties prenantes »
De son côté, Fertilizers Europe, qui représente les producteurs d’engrais européens, « félicite les députés européens pour leurs mesures décisives visant à remédier à la dépendance excessive de l’Union européenne aux engrais russes. » L’envolée des importations d’engrais russes en France alarmait les industriels depuis quelques mois.
L’organisation assure, dans un communiqué diffusé le 22 mai, être « déterminée à collaborer avec toutes les parties prenantes pour garantir la mise en œuvre réussie de ces droits de douane. »
« L’Union européenne sanctionne enfin le régime de Poutine », salue Les Amis de la Terre France le 22 mai. L’ONG déplore en revanche que « les arbitrages réalisés autour de cette taxe en fassent un cadeau pour l’industrie des engrais chimiques et un risque pour les agriculteurs. » Elle estime que « depuis le début de l’agression russe en Ukraine, [le régime de Poutine] a bénéficié d’au moins 1 milliard d’euros grâce aux taxes sur la vente de ces produits. »
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