« Je pilote la fertilisation azotée grâce à l’imagerie satellite »
Face à la hausse du prix des engrais, Rémy Besnault, cogérant d’une ETA, a testé un outil de modulation de l’azote. Il s’est révélé adapté pour les 1 300 hectares qu’il gère.
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Dans la Vienne, Rémy Besnault, cogérant d’Agro Tech Environnement, pilote depuis deux ans par imagerie satellitaire la fertilisation azotée des 20 exploitations qu’il gère de A à Z. Sur les 2 600 hectares dont il a la charge, il module les apports sur 600 hectares de blé, 300 ha de colza et 400 hectares d’orge.
Une superficie importante, pour laquelle les outils de modulation ne sont pas toujours adaptés. « Bien que le matériel de l’entreprise soit équipé depuis 2017 pour la modulation, je n’avais jamais trouvé de prestataire pour la surface que l’on fait. J’ai essayé avec quelques start-ups, mais c’était compliqué pour recevoir toutes les données », explique-t-il. L’envolée des coûts de l’engrais à près de 800 €/t l’an dernier l’a poussé à tester, par l’intermédiaire de son négoce Néolis, l’outil d’aide à la décision (OAD) Wanaka. Celui-ci fait l’objet d’un accord de partenariat avec Terres Inovia.
Dose calculée selon le potentiel
Grâce à des images prise par un satellite, l’OAD évalue la biomasse de la culture en entrée et en sortie d’hiver. Il calcule la dose à apporter en fonction du potentiel et de plusieurs variables agronomiques (variétés, dates de semis…). Chaque parcelle est ainsi découpée en zones (quatre ou cinq au maximum) selon les besoins des plantes. L’agriculteur apprécie la simplicité de l’outil dans la gestion des données et l’accompagnement de son négoce. « Je commande les cartes deux ou trois jours avant les épandages. Je les reçois par mail et je les copie sur une clé USB que je branche sur la console des automoteurs », explique-t-il.
Avec ses deux automoteurs, de largeur de rampe de 36 m avec coupures de tronçon, et ses deux distributeurs à engrais équipés pour moduler les doses, l’entreprise est capable d’adapter les apports aussi bien sous forme liquide que solide. Rémy Besnault découpe la fertilisation du blé en trois passages. Le premier est fixe, à 60 unités d’azote en mélange avec du phosphore et du soufre (21-10-22). La deuxième application (solution N39) et la troisième sont modulées avec Wanaka. « Le dernier apport permet d’augmenter la teneur en protéines du blé. Les exploitations étant situées en zones vulnérables aux nitrates, je dois toutefois le justifier avec l’utilisation d’un OAD. Avant, j’utilisais la pince N-tester, ce qui était chronophage compte tenu de la surface. La solution Wanaka a permis un gain de temps. »
Oser mettre moins
En orge et en colza, la fertilisation est assurée par deux apports. « L’an dernier, l’outil a conseillé 30 unités d’azote au deuxième apport sur certaines parcelles de colza, quand habituellement j’en mettais 120 unités. Cela fait un peu peur, mais au final le rendement a été correct, à 29 q/ha », raconte Rémy Besnault, qui salue la « belle économie » réalisée. À titre de comparaison, l’agriculteur avait mis en place des témoins sur lesquels il avait appliqué les 120 unités habituelles. Le jeu n’en valait pas la chandelle, selon lui. « Pour gagner 2 q/ha, cela ne sert à rien d’en mettre plus », estime-t-il.
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