Le type de digestat et son utilisation font varier sa valeur fertilisante
Alors qu’une première classification des digestats de méthanisation est en cours et qu’une calculette libre d’accès est en ligne, des essais montrent des équivalences azote contrastées.
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« Résidus de dégradation de substrats organiques, les digestats ont des caractéristiques qui dépendent fortement des intrants utilisés, des procédés de méthanisation, et des traitements effectués », observe Benjamin Thomas, chef de projet en déchets à Biomasse Normandie (1). Plusieurs essais conduits dans cette région ont mis en évidence des coefficients d’efficacité de l’azote très différents en fonction des conditions d’épandage, des périodes et des cultures concernées.
Une calculette en libre accès
« La calculette Concept Dig est en libre accès et permet d’estimer les valeurs fertilisantes et amendantes dès le montage du projet de méthanisation », souligne Madeleine Breguet, chef de projet en bioénergies à la chambre d’agriculture de la Normandie. Au printemps 2024, un guide de bonnes pratiques précisera les caractéristiques agronomiques, ainsi que les effets sur la fertilité chimique, biologique et physique.
Au-delà de ces outils, les coefficients d’équivalence azote, ou KeqN (2), restent mal définis. « Les référentiels régionaux sont parfois très différents », souligne Mariana Moreira, chargée d’études en gestion des sols et fertilisation à la chambre d’agriculture de la Bretagne.
Un apport au printemps est plus favorable
« Sur blé, l’épandage au printemps est nettement plus favorable qu’à l’automne, lequel apporte très peu d’azote », résume Elise Vandermeersch, évoquant six essais conduits en Normandie en 2022 et 2023. Ces essais évaluaient l’apport de digestat liquide sur blé, colza et Cive (3), ainsi que du digestat brut sur maïs. La conseillère en agronomie à la chambre d’agriculture de la Normandie ajoute : « Nos résultats sont très dépendants des précipitations suivant l’épandage qui conditionnent fortement la valorisation. »
La meilleure captation de l’azote a été obtenue sur un colza avec un épandage précédant le semis. Celui-ci a absorbé 40 unités d’azote sur les 70 unités d’azote total apportées. À l’autre extrême, « on obtient 5 % de KeqN sur du blé à l’automne. Il apparaît plus opportun d’utiliser le digestat au plus proche du stade épi 1 cm et en évitant les conditions séchantes. Un KeqN de 51 % a également été obtenu sur maïs avec un bon enfouissement et des conditions pluvieuses dans la période suivante. »
Sur les Cive, la valorisation n’apparaît pas significative si celles-ci incluent des légumineuses. Dans les autres cas, il convient de vérifier le reliquat. Il sera aussi utile préalablement à un épandage au printemps. Elise Vandermeersch recommande d’éviter de laisser le sol nu après maïs quand un apport a été réalisé.
(1) Association en charge de la valorisation des ressources organiques. (2) Indicateur qui exprime l’efficacité d’un engrais organique par rapport à un engrais minéral de référence (Arvalis). (3) Cultures intermédiaires à vocation énergétique.
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