"En France, la production laitière serait de nouveau en baisse d'environ 3 % sur les trois dernières semaines de décembre 2022, observe constate Benoît Rouyer, responsable du département en charge de l'économie de l’interprofession laitière (Cniel), dans son analyse mensuelle diffusée le 11 janvier 2023. Elle avait retrouvé un peu d'allant à l’automne avec un contexte exceptionnel de pâturage d'arrière-saison dans de multiples régions. En définitive sur l’ensemble de l’année 2022, la collecte afficherait un recul voisin de 1 %."
Des évolutions contrastées entre bassins
La situation n'est guère plus dynamique dans les autres grands bassins laitiers exportateurs mondiaux. Aux États-Unis, la collecte s'est stabilisée sur les douze derniers mois. Dans l'Union européenne, elle recule modérément, de 0,4 %, alors qu'elle chute de plus de 4 % en Nouvelle-Zélande.
Du côté de la production toujours, les charges dans les élevages laitiers augmentent de façon importante. "L'indice général Ipampa [pour le ] lait de vache de l’Institut de l’élevage a ainsi progressé de 18 % sur un an, et de 32 % au cours des deux dernières années, observe Benoît Rouyer. Parmi les postes en forte augmentation figurent les aliments achetés, les engrais, ainsi que l’énergie et les lubrifiants." Selon l’enquête mensuelle de FranceAgriMer, le prix du lait conventionnel, aurait atteint 453 €/1 000 l en octobre 2022, soit 97 € de plus qu'en 2021.
L’augmentation des charges touche également les maillons de l'aval de la filière laitière. "Les activités de collecte, de transformation et de distribution sont non seulement affectées par la hausse du prix du gaz et du gazole, mais aussi par l’augmentation du prix des emballages, poursuit Benoît Rouyer. Pour le plastique, la hausse est de 15 % sur un an, et de 26 % au cours des deux dernières années. Pour le carton, [elle est] de 22 % et de 36 % sur ces deux périodes."
Les prix des produits laitiers en ordre dispersé
En ce qui concerne la valorisation, les prix des produits laitiers industriels évoluent en ordre dispersé. Le prix du beurre recule depuis quatre mois, mais reste "à des niveaux très élevés, autour de 6 500 € la tonne, détaille Benoît Rouyer. C'est 25 % de plus que l’an dernier {à la même époque]. Le prix de la poudre de lait écrémé est en baisse régulière depuis avril 2022. Il se situe aujourd’hui un peu en dessous de 3 000 € l’atome, un niveau inférieur de 10 % à celui de l’an dernier."
Dans les rayons de la grande distribution, l'inflation est bien perceptible. L’évolution des prix sur un an se situe dans une fourchette de 16 % pour les yaourts et les fromages à 20 % pour le beurre et le lait. "Nous évoluons actuellement dans un contexte de forte inflation dont l’évolution est incertaine, ajoute Benoît Rouyer. Les effets de l’expansion de la pandémie [de Covid] en Chine sur la demande internationale de produits laitiers sont [également] difficiles à mesurer."