Au national comme en région, les interprofessions laitières sont en pleine crise. La démission du président du Cniel Pascal le Brun sur fond de blocage entre collèges le 15 octobre 2025, fait écho aux problèmes rencontrés par le Criel Alpes massif Central. En juillet dernier, le collège des producteurs de la région avait choisi de claquer la porte, faute d’accord avec la Fnil (Fédération nationale de l’industrie Laitière) sur la revalorisation de la matière sèche utile (MSU) du lait. La section laitière de la FRSEA d’Auvergne Rhône Alpes dénonçait alors « une attitude d’obstruction systématique de la part de la Fnil ».

Plusieurs mois plus tard, pour tenter de faire bouger les choses, le collège producteurs de l'interprofession régionale (Criel) a engagé une action pour rediriger les cotisations volontaires du Criel vers un budget géré entièrement par les producteurs, celui du Criel Communication. Les producteurs de lait de vache payent aujourd’hui une cotisation volontaire de 0,0165 €/1000 litres à destination du Criel et une cotisation « communication » de 0,1 €/1000 litres à destination du Criel Communication.

« Nous sommes en train de demander à tous les producteurs leur accord pour que la cotisation Criel soit aussi versée au Criel Communication. Ce budget pourra servir à faire des actions pour valoriser la matière grasse », explique Eric Richard, du collège producteurs du Criel alpes massif central. Le collège a déjà reçu « beaucoup de courriers signés d’éleveurs » pour accord.

Faisabilité incertaine

Les producteurs restent dans l’incertitude quant à la faisabilité de cette redirection du budget, la chose devant être décidée à l’unanimité… par tous les collèges du Criel. Dans un communiqué de presse du 27 octobre, la FRSEA d’Auvergne Rhône Alpes dénonce une vision de la Fnil « minimaliste qui occulte la création de valeur dans les exploitations et la préservation de la production sur les territoires ».

Avec des grilles différentielles de primes non réévaluées depuis 15 ans, le Criel avait mis sur la table la création d’un indicateur régional de valorisation de la matière grasse et de la matière protéique. Le but, inciter les producteurs à produire plus de MSU « pour faire barrage au manque de matière grasse actuel et au manque de matière protéique à venir », explique Eric Richard. La Fnil avait mis un véto en juillet dernier, mettant les négociations au point mort et poussant le collège des producteurs à suspendre son activité au sein du Criel.