Des mobilisations d’agriculteurs s’organisent un peu partout en France depuis la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 décembre. La Coordination rurale a appelé à une mobilisation le 12 décembre 2025 « face à l’obstination de l’État de maintenir une politique d’abattage total » des troupeaux de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse. La Confédération paysanne appelle aussi à des blocages « partout » en France pour mettre fin « aujourd’hui » à l’abattage total.
💥📢✊🚜#DNC : la Confédération paysanne appelle à des blocages partout ! Paysan·nes, agriculteur·rices, syndiqués, pas syndiqués, retraité·es, citoyen·nes... Agriculture et alimentation sont l'affaire de tous et toutes. Cette politique sanitaire mortifère doit cesser !@afpfr pic.twitter.com/2NAfgIxJs1
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) December 12, 2025
L’abattage qui met le feu aux poudres
Le 12 décembre, dans la matinée, a débuté l’abattage total d’un troupeau de bovins ariégeois touché par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Dès la confirmation du cas, plus tôt dans la semaine, des centaines d’agriculteurs sont venus près de l’exploitation située à Bordes-sur-Arize pour s’opposer à l’abattage du troupeau de l’élevage ariégeois. Dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 décembre, les manifestants ont finalement été évacués. Et les images des forces de l’ordre sur place ont fait le tour des médias nationaux. Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA — syndicat qui n’avait pas appelé à la mobilisation sur cette ferme — a toutefois commenté les événements lors d’une conférence avec la presse le 12 décembre : « Ce sont des images extrêmement choquantes pour les agriculteurs que nous sommes car les agriculteurs ne sont pas des délinquants ».
« J’entends la détresse », a réagi ce midi sur France Télévisions la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, tout en déplorant les scènes de violence de cette nuit aux abords de l’exploitation ariégeoise. « Je condamne sans réserve les actions d’une minorité qui, hier, a dégradé la propriété de deux éleveurs qui avaient consenti au dépeuplement, et tenté d’entraver une politique sanitaire destinée précisément à protéger l’ensemble des éleveurs français. Ces actes sont irresponsables », commente la ministre dans un message le 12 décembre sur X. Annie Genevard continue aussi de défendre l’abattage total comme moyen d’éradiquer « une maladie horriblement contagieuse » : « L’objectif est clair, stopper la circulation du virus, éviter de nouveaux foyers et préserver l’élevage français. »
Mobilisation nationale ce 12 décembre
La mobilisation ne s’est pas arrêtée à Bordes-sur-Arize. À Agen, dans le Lot-et-Garonne, des agriculteurs ont déversé de nombreux déchets dans la nuit de jeudi 11 à vendredi 12 décembre devant des bâtiments administratifs, où les syndicats Coordination rurale et Confédération paysanne avaient appelé à manifester, selon l’AFP.
Et dans la journée, pour s’opposer aux restrictions liées à la DNC, les agriculteurs poursuivent leur mobilisation en Occitanie, comme sur l’autoroute A64 à Carbonne, au sud de Toulouse. À leur tête Jérôme Bayle, le leader des Ultras de l’A64, se dit prêt à bloquer l’autoroute entre Toulouse et Saint-Gaudens, comme en janvier 2024. Selon l’agriculteur du Sud-Ouest, aux alentours de 16 heures, une soixantaine de tracteurs étaient mobilisés.
Dans le département voisin du Gers, un rassemblement d’agriculteurs est aussi en cours, cette fois-ci organisé par la Coordination rurale. Lionel Candelon, président de la chambre d’agriculture départementale a appelé au déversement des bennes sur les ronds-points d’accès une rocade, à Auch.
À 400 km plus au nord, en Haute-Loire, à Pradelles, la Confédération paysanne a également appelé les agriculteurs à bloquer les routes. Au carrefour de l’Ardèche et de la Lozère, une centaine d’éleveurs ont manifesté. Au carrefour entre la RN88 et la RN102, les manifestants bloquent la circulation ou du moins la filtre, en coordination avec les forces de l’ordre présentes sur place.
#DNC ÉCHANGE AVEC LA MINISTRE : UNE SITUATION TOUJOURS BLOQUÉE
— Coordination Rurale (@coordinationrur) December 12, 2025
À l’issue de son échange avec la ministre, le président de la Coordination Rurale, Bertrand Venteau, est ressorti insatisfait.
Il a rappelé avec force que les violences subies par les agriculteurs sont inacceptables… pic.twitter.com/u4MjcOXF76
Le protocole contesté
La Confédération paysanne estime que l’apparition d’un cas à une centaine de kilomètres de la zone réglementée constitue « la preuve de l’inefficacité de cette politique sanitaire basée sur l’abattage total et une vaccination restreinte ».
Karine Duc, coprésidente la Coordination rurale du Tarn-et-Garonne, qualifie aussi d’ « échec » le protocole du gouvernement. « Le protocole national doit changer. C’est le terrain qui a raison », exprimait-elle ce matin à des journalistes de BFMTV.
Des syndicats, de concert avec les chambres d’agriculture de l’Ariège et de la Haute-Garonne, disent avoir proposé à la ministre de l’Agriculture, un protocole alternatif à l’abattage total.
Parallèlement, le ministère de l’Agriculture a renforcé ce vendredi 12 décembre 2025 les actions de prévention contre la DNC, en créant une zone vaccinale couvrant cinq départements en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine et annonçant des mesures sur l’ensemble du territoire.
Je ne laisserai aucun éleveur seul face à la maladie.
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) December 12, 2025
Voir des éleveurs perdre leur troupeau, c'est un déchirement.
Notre seule obsession face à cette grave maladie est de protéger le cheptel bovin français. pic.twitter.com/DbgsTDAOmm
Les mobilisations agricoles devraient se poursuivre dans les prochains jours, selon les syndicats Coordination rurale et Confédération paysanne, en Alsace, dans la Marne et en Occitanie, notamment.