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Les bonnes pratiques pour récupérer l’eau de pluie en élevage

Les eaux de pluie récupérées et filtrées peuvent servir à abreuver les troupeaux (en bâtiment ou au pâturage) mais aussi à irriguer, nettoyer du matériel…

Si récupérer l’eau de pluie en élevage semble évident, il existe quelques contraintes et règles à suivre. Sans oublier la question du coût.

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« Intuitivement, on se dit qu’on n’a qu’à récupérer l’eau qui tombe du ciel et que tout ira bien, lance Jérôme Crouzoulon, formateur indépendant auteur d’un ouvrage sur l’eau en élevage (1). Mais ce n’est pas aussi simple. » Lors d’une formation proposée par Bio Ariège Garonne, le spécialiste souligne : « L’eau de pluie ne couvre jamais 100 % des besoins d’une exploitation. C’est un appoint. » Notamment pour les périodes critiques.

Premier point à prendre en compte : la réglementation. D’abord, il est interdit de récupérer de l’eau de pluie venant des toitures amiantées ou en plomb. Ensuite, « l’eau de pluie n’est pas considérée comme respectant la norme relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), indique le spécialiste. Or, cette norme est la seule réglementation en vigueur sur l’eau. La qualité de l’eau que vous donnez à vos animaux est donc de votre responsabilité. Pour ma part, je conseille de respecter la norme EDCH. » Ce qui implique une analyse de l’eau de pluie et la mise en place de filtres et traitements correspondants, sous peine de rendre malade ses animaux et les consommateurs.

Une fois les règles connues, le deuxième enjeu pour un éleveur est de mesurer l’ensemble de ses besoins : abreuvement, irrigation, lavage de machines… Puis, de déterminer les capacités de récupération. « Un millimètre d’eau de pluie, c’est un litre d’eau par mètre carré, énonce Jérôme Crouzoulon. À cela, on enlève 10 % de pertes. » Pour les ressources comme pour les besoins, l’objectif est de mettre face à face les masses annuelles et mensuelles. Puis de calculer ce qu’apporterait un point de stockage, en fonction de sa taille.

Quel investissement ?

Bien sûr, tout ce calcul n’est complet qu’en intégrant le coût des installations. « Le coût principal de la récupération, c’est la citerne, note le spécialiste. Une cuve de 30 m² coûte entre 8 000 et 12 000 euros. Pour une poche souple, à volume égal, il faut compter environ 1 300 euros. » D’après lui, les poches souples sont proposées à des prix avantageux, mais elles ne sont pas idéales pour la qualité de l’eau. En effet, qui dit chaleur dit risque de bactéries. Plus chères, les cuves enterrées, à l’abri de la lumière, évitent les cyanobactéries (ou « algues vertes ») et les gros écarts de températures. Autres possibilités : les cuves de surface ou les réservoirs terrassés.

Au-delà du coût du stockage, d’autres frais sont à ajouter : « Il faut une pompe-surpresseur, du terrassement et des tranchées, de l’adduction et un système de traitement des eaux, énumère le formateur. En fonction de la taille, tout ça peut monter autour de 10 000 euros. » Jérôme Crouzoulon conseille de ne faire qu’un point de stockage, même quand il y a plusieurs toitures. Et de prévoir une installation évolutive dans le temps. Le spécialiste conclut : « Vient alors la question de l’amortissement. Sachant que l’eau du réseau n’est pas très chère… »

(1) « Eau et santé animale. Quelle eau donner à boire aux animaux ? », éd. France agricole, 92 p., 2021.

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