L’agriculture, la grande oubliée des débats des législatives
Pour les élections législatives anticipées, La France Agricole a recensé les propositions des grandes formations politiques sur quatre thèmes : la loi d’orientation, le revenu agricole, les phytosanitaires et la Pac.
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À quelques jours du premier tour des élections législatives anticipées qui se tiendra le 30 juin 2024, il est difficile d’y voir clair sur les propositions agricoles des différentes formations politiques. Dans cette campagne électorale éclair, les questions agricoles ne semblent pas être une priorité des candidats. Mais sur plusieurs dossiers agricoles, des divergences importantes apparaissent.
Loi d’orientation
Le sort du projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations est incertain. Emmanuel Macron a indiqué le 12 juin vouloir poursuivre le travail si la majorité est confirmée. Pour le Rassemblement national (RN), Grégoire de Fournas, viticulteur et candidat en Gironde, fait savoir qu’il souhaite en faire une « petite loi technique » et supprimer le guichet unique à l’installation « redondant » et le stage de sensibilisation à l’environnement, « inacceptable ». Pour lui, il « manquait trois choses : des prix rémunérateurs, la fin des surtranspositions et de l’écologie punitive, et la régulation de la concurrence déloyale des puissances étrangères. »
C’est dans une lettre adressée aux agriculteurs que Julien Dive, candidat pour Les Républicains (LR), s’est exprimé. Il s’engage notamment à supprimer les droits de succession. Sur le volet environnemental, le député sortant de l’Aisne entend créer une « dépénalisation pour l’entretien agricole », supprimer « des risques de contentieux » et adapter la gestion des haies « aux réalités de chaque département ».
Le Nouveau Front populaire (NFP) a déjà scellé le destin de cette loi. « Nous allons tout reprendre de zéro. Il n’y a rien qui réponde aux problèmes agricoles », explique Aurélie Trouvé, députée sortante et candidate de cette alliance. Le bloc de gauche souhaite amorcer la transition agroécologique de l’agriculture avec une prise en charge des dettes pour ceux qui s’engagent sur cette voie.
Egalim
Autre sujet sur lequel travaillaient les députés avec une mission parlementaire, celui des prix agricoles et de l’efficacité des lois Egalim pour rééquilibrer les relations avec la grande distribution. Présenté par Gabriel Attal, le 20 juin dernier, le programme de la coalition présidentielle Ensemble veut mettre en place « des prix rémunérateurs » pour les agriculteurs, fixés par filière pour une entrée en vigueur dès 2025. Grégoire de Fournas propose, quant à lui, la mise en place de « prix minimums garantis ». Pour LR, Julien Dive entend redonner aux agriculteurs « la maîtrise des prix » en indexant ceux-ci aux coûts de production.
Le Nouveau Front populaire réserve à Egalim le même sort qu’à la loi d’orientation agricole : « une refonte totale », avertit Aurélie Trouvé. « Nous voulons des prix rémunérateurs garantis et que les coûts de production en soient la base. » La coalition de gauche souhaite que la « contractualisation soit imposée réellement à tout le monde, avec les sanctions qui vont à la clé ». Une démarche qui demandera de « protéger davantage les frontières » contre les produits « potentiellement moins chers qui sont importés », complète la candidate.
Ecophyto
Le Rassemblement national envisage une « pause » du plan Ecophyto et veut « arrêter d’en faire plus qu’au niveau européen ». Du côté de LR, Julien Dive propose de réautoriser en France certains produits utilisés en Europe, citant notamment l’acétamipride. Le groupe Ensemble entend poursuivre la réduction de moitié de l’usage des produits phytosanitaires d’ici à 2030 après avoir diminué de 98 % l’usage des produits les plus dangereux depuis 2017.
Le Nouveau Front populaire souhaite, quant à lui, bannir l’utilisation du glyphosate et des néonicotinoïdes. « En échange, nous refuserons les importations de produits traitées avec ces molécules », précise Aurélie Trouvé. L’indicateur Nodu serait de retour pour suivre l’usage des pesticides, le tout avec « plus d’investissements dans la recherche d’alternative ».
La Pac
La politique agricole commune (Pac), qui est pourtant un sujet majeur pour l’agriculture, est peu évoquée dans les programmes. Le RN entend combattre le pacte vert européen, prônant une stratégie de production. Le Nouveau Front populaire souhaite un changement de paradigme, en allant vers des aides à l’actif et un renforcement du budget pour les transitions écologiques. « Notre jour d’après, c’est le choix de l’Europe qui nous aide et qui nous protège », a rappelé, de son côté, Gabriel Attal, lors de la présentation du programme du groupe Ensemble.
De nombreux duels vont se jouer à l’échelle des territoires. Beaucoup d’incertitudes planent sur l’issue de ces élections prévue le 7 juillet 2024 et donc sur le sort des dossiers agricole en cours.
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