Salon de l’agriculture Pour Marine Le Pen, en Europe, « l’union fait la faiblesse »

Au risque de lasser, Marine Le Pen a insisté tout au long de sa visite sur la mesure phare de son programme : « il faut quitter l’Union européenne ». C’est que, créditée par 35 % des intentions de vote des agriculteurs, la candidate du Front national est convaincue que son discours a fini par porter ses fruits. « Au départ, les agriculteurs étaient extrêmement réticents à cette idée de sortir de l’euro, a-t-elle expliqué. Puis d’année après année, ils ont vu que tout ce que nous avions prévu s’est hélas déroulé. Le tout marché qui régule spontanément l’agriculture, ça ne fonctionne pas ».

« Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, seule une politique nationale – ce que qui ne veut pas dire une politique de fermeture, mais une politique nationale d’agriculture avec des accords bilatéraux commerciaux avec d’autres pays -, peut les sortir de cette situation. ».

« C’est le seul sujet sur lequel nous sommes en désaccord », lui a rétorqué Bernard Lanne, président de la Coordination rurale (CR), lors de sa venue en fin de journée sur le stand du syndicat, avant de finalement adhérer à la parole de Marine Le Pen en fin de visite. Avec des accords bilatéraux, et un collectif renforcé à cinq, voire huit grands pays – « et à condition que vous laissiez tomber le terme de Paf, politique agricole française », a repris Bernard Lanne -, le programme FN pourrait semble-t-il alors convenir à la CR.

« La Pac, il faut avoir fait l’Ena pour comprendre tout cela »

« Je ne suis pas du tout convaincue par le fait que l’union fasse la force, a poursuivi la candidate. Pour le moment, l’union fait la faiblesse. La France n’est ni petite, ni faible et pourra s’en sortir sans l’Union européenne. Car elle a de très anciennes relations historiques, culturelles, commerciales avec de nombreux pays ».

Elle estime enfin que les aides qui sont accordées par la Politique agricole commune déstabilisent aujourd’hui les filières. « Ces aides reconnaissent les hectares et jamais les personnes. La Pac, il faut avoir fait l’Ena pour comprendre tout cela ».

Faire plier la grande distribution

Pour que les agriculteurs obtiennent des revenus corrects, Marine Le Pen tape sur la grande distribution. Il est indispensable, selon elle, que l’intégralité des relations commerciales tripartite (producteur, transformateur, distributeur) soit révisée, « quitte à faire plier la grande distribution. Brader de la matière première à une industrie qui n’en a plus rien à faire, cela nous n’en voulons plus. Le but est que la grande distribution accepte enfin de rendre une partie de la plus-value aux producteurs ».

Ce serait aussi, pour elle, un levier favorable au renouvellement des générations, a-t-elle plaidé auprès du syndicat Jeunes Agriculteurs qui, opposé à sa vision européenne, n’a pas fléchi. Marine Le Pen a refusé, elle aussi, de signer le manifeste de JA à l’intention de tous les candidats, si ce n’est le volet du renouvellement des générations.

Les derniers coups pour le ministre Le Foll

Hormis quelques bruits de casseroles, la visite de la candidate FN aura été surtout marquée par des gestes de sympathie et de nombreux selfies. Et par un dernier mot à l’attention de Stéphane Le Foll : « il n’a tenu compte que des 20 % de fermes qui lui apparaissaient comme ayant un avenir. Et il a laissé tomber les 80 % d’autres. Ce n’est pas cela défendre l’agriculture française, c’est défendre les copains et les mensonges qui ont été diffusés pendant des années ».

Son ministre de l’Agriculture, a-t-elle encore précisé, sera lui « lucide et courageux. Il défendra l’intégralité des interprofessions », l’échelle qu’elle a, à plusieurs reprises plébiscité durant le salon, « et il sera capable de bras de fer avec la grande distribution ».

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