Login

Un rapport appelle à mieux considérer les risques chimiques dans l’alimentation

Les recommandation de l'Igas et du CGAAER visent notamment à réduire progressivement les teneurs en sucres, sel, graisse et additifs des aliments consommés par la population française.

Alors que la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) est à nouveau bloquée depuis la fin de novembre, un rapport commandé par plusieurs ministères évalue les politiques publiques en la matière mises en œuvre depuis vingt ans. Les auteurs appellent notamment à mieux prendre en compte les risques chimiques liés aux pesticides.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Après la Convention citoyenne pour le climat et la loi Climat et Résilience, un rapport vient à nouveau mettre la pression sur le gouvernement quant à sa future stratégie nationale en matière d’alimentation. Cette fois-ci, ce sont l’inspection générale des affaires sociales (Igas) et le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) qui tirent la sonnette d’alarme dans une évaluation parue le 10 novembre 2025.

Le contexte n’est pas anodin, puisque la Snanc, qui doit fixer les orientations stratégiques françaises sur ces sujets, est à nouveau bloquée depuis le 28 novembre. Sa publication cumule déjà deux années de retard sur fond de polémiques liées à la place de la consommation de viande, et plus récemment aux freins opposés aux produits ultratransformés.

Des programmes publics « à la portée insuffisante »

Missionnées par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique en juin 2024, les instances formulent des recommandations et évaluent les programmes publics actuels consacrés à l’alimentation : le troisième Programme national pour l’alimentation (PNA) et le quatrième Programme national nutrition santé (PNNS). Selon les auteurs, ces deux plans n’ont eu qu’une portée insuffisante, regrettant qu’ils « privilégient encore trop l’action sur les comportements par rapport à l’action sur l’environnement alimentaire ».

« Réduire progressivement » les teneurs en sel, sucres, graisse et additifs des aliments

Parmi les préconisations de l’Igas et du CGAAER, les pouvoirs publics sont appelés à prendre en compte le « risque chimique » associé à l’alimentation, citant le rôle néfaste des pesticides, des contaminants environnementaux comme le cadmium, et des emballages plastiques porteurs de risques de perturbation endocrinienne. La mission vise ici la future Snanc et recommande d’y afficher « des ambitions sur la réduction des perturbateurs endocriniens dans l’alimentation ». Mais des outils existants comme les enquêtes d’exposition de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) permettent aussi de maintenir une évaluation fiable des expositions alimentaires chroniques aux substances chimiques, « y compris les résidus de produits phytopharmaceutiques », estime le rapport.

Afin de réduire la présence de résidus d’intrants dans l’alimentation, les auteurs appellent surtout à « soutenir très fortement l’agriculture biologique ». Sur ce point, plusieurs pistes sont évoquées, comme le renforcement des aides à la conversion et au maintien en bio à destination des agriculteurs, ou encore la mise en place d’un taux de TVA réduit sur les produits bio pour les consommateurs.

Par ailleurs, au sein des recommandations de la mission, on retrouve sans surprise des mesures visant à lutter contre la hausse du surpoids et de l’obésité, ainsi que la croissance constante des maladies chroniques liées à l’alimentation au sein de la population. Le rapport appelle à « réduire progressivement » les teneurs en sel, sucres, graisse et additifs des aliments « à travers des accords collectifs plus nombreux », puis via la règlementation si c'est nécessaire.

Limiter la consommation d’aliments ultratransformés

Les auteurs appellent par ailleurs à limiter la consommation d’aliments ultratransformés et leur promotion publicitaire, notamment « pour renforcer la protection des enfants et des jeunes ». Pour cela, le gouvernement est appelé à « intensifier les travaux pour aboutir à une classification consensuelle » et à « poursuivre l’incitation à la précaution dans la consommation » de ces aliments, au profit de la promotion des aliments bruts.

En matière de données, l’Igas et le CGAAER identifient une autre priorité : « Disposer de données chiffrées collectées régulièrement, sur l’offre et la consommation alimentaires, l’état de santé, afin d’évaluer l’impact de l’action publique. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement