Des chercheurs défendent « une vision objective » de l’élevage
Plus de mille scientifiques de toute nationalité ont signé la déclaration de Dublin qui souligne le rôle essentiel de l’élevage au sein de la société.
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Las d’entendre des inepties, « simplifications », « raccourcis ou partis pris fanatiques » sur l’élevage, mille cent quarante-cinq chercheurs du monde entier, spécialisés en sciences animales, remettent les pendules à l’heure dans un document intitulé « La déclaration de Dublin » qui vient d’être publiée. Cette initiative inédite fait suite à un Sommet international à Dublin, organisé en octobre 2022, au cours duquel les scientifiques ont discuté du rôle sociétal de la viande. « Les systèmes d’élevage sont trop précieux pour être perdus du fait d’un manque de fondement scientifique dans l’élaboration de politiques », peut-on y lire.
La stratégie du bouc émissaire
La déclaration plébiscite le maintien des élevages et rappelle que « la consommation régulière de viande, de produits laitiers et d’œufs, dans le cadre d’un régime alimentaire bien équilibré, est bénéfique pour les êtres humains ». Les aliments d’origine animale fournissent une variété de nutriments et d’autres composés essentiels pour la santé, dont beaucoup manquent dans les régimes alimentaires du monde entier, « même parmi les populations aux revenus plus élevés ». Les personnes disposant de ressources suffisantes peuvent être en mesure « d’avoir une alimentation adéquate tout en limitant la viande, les produits laitiers et les œufs ». Cependant, « cette approche ne devrait pas être recommandée de façon généralisée », en particulier pour les jeunes enfants, les adolescents, les femmes enceintes ou celles qui allaitent, les femmes en âge de procréer, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques.
Les scientifiques sont donc invités à fournir des « preuves solides » des avantages nutritionnels et sanitaires des élevages, « de leur durabilité environnementale, de leurs valeurs socioculturelles et économiques, et apporter des solutions en vue des nécessaires améliorations ». Des réductions drastiques du nombre d’animaux d’élevage, pourraient, selon les signataires, entraîner « des problèmes environnementaux à grande échelle ».
« Cette déclaration envoie un signal puissant aux gouvernements et aux consommateurs du monde entier », a commenté l’un des auteurs du texte, le professeur Frédéric Leroy, dans le journal scientifique, Natural Food, paru cet été. Il s’agit d’un appel à « accroître la disponibilité des aliments dérivés de l’élevage (viande, produits laitiers, œufs) pour aider à satisfaire les besoins nutritionnels non satisfaits d’environ trois milliards de personnes », a-t-il poursuivi. Le texte met en évidence les conséquences des carences nutritionnelles de viande sur le corps : le retard de croissance, l’émaciation, l’anémie, etc.
Clé de la sécurité alimentaire
« Avec une forte croissance démographique concentrée en grande partie parmi les populations urbaines et socio-économiquement vulnérables dans le monde, et où une grande partie de la population dépend de l’élevage pour ses moyens de subsistance, les défis en matière d’approvisionnement et de durabilité augmentent de façon exponentielle. » La déclaration de Dublin est un appel « à tous les scientifiques pour qu’ils poursuivent leurs recherches de façon objective et qu’ils mènent un débat sincère », ajoute Frédéric Leroy.
« La civilisation humaine s’est construite sur l’élevage depuis le début de l’âge du bronze il y a plus de 5 000 ans jusqu’à devenir le fondement de la sécurité alimentaire des sociétés modernes d’aujourd’hui. […] L’élevage durable apportera également des solutions aux défis supplémentaires d’aujourd’hui. » Des systèmes d’élevage appliquant les principes agroécologiques, rappellent encore les scientifiques, peuvent en effet générer de nombreux autres avantages, notamment face aux défis climatiques.
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