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Chez vous Des vers de farine à la place des vaches

Rémy Petoton produit des vers de farine dans un bâtiment d'élevage spécialement conçu pour cette production novatrice.

Au cœur de la Limagne, Rémy Petoton cultive 60 ha en grandes cultures et produit des vers de farine pour la filière Invers.

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« Je suis la 4e génération d’une famille d’agriculteurs limagnais. Mais je n’ai pas voulu m’installer avec mon père, Jean-Luc, qui exploite 155 ha de cultures et de prairies. J’avais envie de voler de mes propres ailes et me suis donc installé seul en 2014 sur 60 ha. Lorsque mon père prendra sa retraite d’ici un an ou deux, je lui succéderai sur son EARL. Ses huit années de pratique nous ont permis de comparer des façons culturales différentes et des visions de notre métier souvent  complémentaires », explique posément Rémy Petoton, à Saint-Clément-de-Régnat (Puy-de-Dôme). Indépendant et très actif, le jeune homme de 29 ans est aussi maire de sa commune.

Père et fils sont de fidèles adhérents de la coopérative Limagrain pour laquelle ils produisent des blés panifiables pour la filière Jacquet, du maïs semence, du maïs grain, de la fèverole. Rémy cultive aussi des pommes de terre pour le Jardin de Limagne. Actifs dans leurs instances professionnelles, Jean-Luc administrateur à Limagrain et Rémy chez les Jeunes Agriculteurs, les deux hommes sont ouverts aux idées nouvelles et aux projets novateurs.

© Monique Roque - Rémy Petoton cultive avec passion les terres noires de Limagne.

« Mon père est rentré un jour d’une présentation de production de vers de farine au laboratoire d’Innovation Territorial à Clermont-Ferrand en me disant : « Voici le numéro du responsable, cette idée est peut être à creuser. » Ce sera chose faite par Rémy qui engraisse aujourd’hui des vers de farine dans un bâtiment abritant 9 000 bacs répartis sur douze colonnes.

Fin des vaches

D’emblée séduit par l’idée, Rémy s’implique avec deux autres collègues de Limagne dans les essais conduits par Sébastien Crépieux, à l’origine de cette potentielle production de vers de farine (lire l'encadré). De premiers tests dans un container maritime à la réhabilitation d’un ancien poulailler et différents essais d’alimentation (son, drèches de brasserie…) et de conditions d’ambiance (température, hygrométrie), le projet s’affine.

En 2021, Rémy se lance dans la construction d’un bâtiment d’élevage de 850 m² au sol, recouvert de panneaux photovoltaïques, et d’un bâtiment de stockage du son et du compost de 250 m² au sol. Il investit 850 000 €, dont 120 000 € d’aide régionale pour projet novateur. Il crée pour cette activité une SARL baptisée « Progress ». Des microlarves de deux semaines d’âge sont engraissées dans des bacs remplis de son. Elles ressortiront quatre semaines plus tard, avant leur évolution en nymphes, et riches d’une forte teneur en protéines.

© Monique Roque - La société INVERS qui gère la filière vers de farine propose une gamme variée de produits destinés à l'alimentation animale.

Un prototype de robot de manutention des bacs a été créé avec l’aide de la société RJ Industrie Limagne pour la récolte des vers et le tri du compost à raison de 18 t de vers et 25 t de compost par mois. « Travailler sur une filière nouvelle et porteuse d’avenir avec des entomologistes, des agriculteurs, des ingénieurs… est captivant, souligne Rémy. Mais il a fallu faire des choix au niveau de l’organisation du travail.

Nous avons décidé avec mon père de vendre les 25 vaches charolaises qu’il avait sur son exploitation. Lorsqu’il partira à la retraite, je serai de fait plus à même de gérer la nouvelle structure, sans la charge d’un troupeau bovin. Les vers de farine m’apportent une sécurité de revenu sans aléas climatiques et fournissent un compost remplaçant les engrais pour 150 ha de cultures. »

Les terres noires de Limagne sont au cœur des motivations du jeune agriculteur qui leur voue une véritable passion. Il a pu expérimenter de nouvelles  façons culturales depuis son installation : un travail simplifié du sol avec l’arrêt du labour (sauf pour les pommes de terre), du strip till sur le maïs, des intercultures broyées et restituées… « L’objectif est d’économiser des charges et d’améliorer le profil des sols. J’aime consacrer du temps à ce travail du sol. J’exerce un beau métier, mais il faut se donner les moyens de s’adapter en permanence pour éviter d’être pris au dépourvu. »

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