Importations La souveraineté alimentaire de la France décryptée
FranceAgriMer a dévoilé le résultat de ses travaux sur l’autonomie alimentaire de la France. L’occasion d’analyser plus froidement un sujet devenu bouillant.
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Rétablir les faits sur une situation certes déclinante, mais loin de l’effondrement qui peut être annoncé parfois. Voici l’objectif de l’étude sur la souveraineté alimentaire française des dix dernières années, présentée par le directeur du marché, des études et prospectives de FranceAgriMer, Pierre Claquin, et la cheffe du service de l'analyse des filières, Cécile Guillot, cheffe du service de l'analyse des filières, le 1er mars 2023 au Salon international de l’agriculture.
De grandes disparités selon les filières
Parmi les outils utilisés, le taux d’autoapprovisionnement. Cette donnée permet notamment de mesurer la capacité d’autosuffisance par filière en France. Sans surprise, certaines filières paraissent moins à risque : « On voit un excédent en céréales, en vin et en sucres, observe Pierre Claquin. Nous avons un peu plus décroché pour les fruits et légumes, le poulet et le beurre, et ce taux est très inférieur en ovins, soja, riz, fruits tropicaux ou huile de palme. C’est donc une situation très contrastée. »
Les travaux de FranceAgriMer soulèvent une autre donnée importante. La France est dans une situation de dépendance généralisée aux échanges. Et pour illustrer ce constat, Pierre Claquin a mis en lumière la production de blé dur : « Nous sommes exportateurs nets et ce très largement en grains, mais nous importons les pâtes que nous consommons. » C’est aussi le cas en lait où Pierre Claquin rappelle que la France exporte beaucoup de matières riches en protéines sous forme de poudre, mais doit importer des matières grasses comme le beurre.
Un équilibre apparent
La consommation façonne les échanges commerciaux, et le cas du porc est éloquent en la matière. « On a une situation équilibrée de façon apparente, mais on doit quand même recourir aux importations, a détaillé Cécile Guillot. On est obligé de faire venir les morceaux les plus consommés en France comme le jambon, et on doit exporter les oreilles ou les pieds, moins demandés, majoritairement vers la Chine. »
Pour la production de fromage, c’est également le consommateur qui bouleverse notre dépendance. « Nous pourrions être largement autosuffisants en fromage, mais la demande croissante en mozzarella ou en cheddar, par exemple, fait augmenter nos importations », constate Cécile Guillot. Et d’ajouter qu’un tiers de la production mondiale de fromage est échangé.
Au cas par cas
Savoir si la dépendance externe est problématique, s’analyser au cas par cas pour Pierre Claquin. « Ce n’est pas la même chose en termes de souveraineté si on dépend de l’Allemagne ou de la Chine », a-t-il averti. À l’inverse, importer de l’Union européenne n’est pas forcément un signe de sécurité d’approvisionnement : « Nous importons toute l’huile de palme que nous consommons et elle vient de l’Union européenne. Mais c’est parce que tout arrive via les ports des Pays-Bas. »
Si une complète autarcie n’est pas possible, ni forcément souhaitable pour Pierre Claquin, il faut surtout comprendre la stratégie mise en place. « La souveraineté est avant tout une question politique et stratégique. Est-ce qu’une dépendance est importante ? Est-elle consentie ou subie ? Est-ce réversible ? Nous ne l’avons pas analysé, mais ce sont aussi des questions importantes », a-t-il conclu.
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