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C’est son avis « Rendre son efficacité à la Pac en la régionalisant »

Gianni Fava est conseiller régional à l’agriculture de la principale région agricole italienne, la Lombardie. Il prône une réforme de la Pac régionalisée, pour ne pas voir disparaître la production agricole dans certaines zones européennes.

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Le pouvoir d’arbitrer

Les collectivités publiques ne peuvent pas s’immiscer dans les négociations commerciales entre les organisations de producteurs et les industriels. Les agriculteurs ne peuvent pas demander à l’État ou la région de fixer un prix juste. C’est aux syndicats et organisations de producteurs de s’imposer. Toutefois, face à la puissance de certaines multinationales agroalimentaires, les collectivités ont le droit de dénoncer certains comportements, de les interpeller, d’expliquer les enjeux à long terme de leurs pratiques destructrices. Puisque les régions ont la main sur le second pilier de la Pac, elles peuvent ou pas ouvrir des lignes budgétaires pour la mesure 4.2 (investissement dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles, N.D.L.R.), selon l’attitude des industriels.

Les collectivités publiques ont aussi le devoir d’informer les consommateurs et de faire la promotion de la qualité des produits locaux. Une marque, la « Salva stalle » (étables sauvées), a été créée en Lombardie pour commercialiser les 100 00 litres de lait non collectés depuis le 1er avril par les industriels. Deux coopératives locales se sont engagées à dépanner les fermes concernées durant trois mois. La région soutient indirectement ces éleveurs et ces coopératives en finançant la promotion de cette opération. La décision finale appartient au consommateur qui décide s’il préfère un litre de lait local à 1 euro ou un lait d’origine indéterminée à un prix inférieur.

Le devoir d’informer

Les crises porcine et laitière sont européennes, voire internationales, mais les conséquences, tout comme les enjeux, ne sont pas les mêmes pour toutes les zones. Par exemple, l’étiquetage des produits d’origine animale, que nous demandons depuis des années et que la France semble enfin envisager, permettrait au consommateur d’acheter en connaissance de cause. Il y a des mozzarelles vendues en Italie qui sont produites avec de la poudre de lait importée d’autres pays européens et le consommateur doit le savoir.

Protéger les eaux des nitrates c’est bien. En revanche, imposer aux agriculteurs de réduire leurs fertilisants dans toutes les zones concernées, alors que dans certains secteurs ce ne sont pas les nitrates agricoles qui sont en cause, est contre-productif. La Lombardie et le Piémont ont obtenu une dérogation (250 kg/ha au lieu des 170 kg/ha). Si nous avions une Pac régionalisée, nous aurions obtenu une révision des zones sensibles.

Régionalisons la Pac

La Pac doit être revue non pas dans une optique de renationalisation, mais de régionalisation, comme la pratiquent les Länder allemands. Les régions devraient avoir la main sur les premier et deuxième piliers, afin d’orienter les soutiens communautaires vers les besoins de leurs territoires. La diversité agricole de l’Europe en serait enrichie. N’est-ce pas la devise de l’Europe : « United in diversity », l’unité dans la diversité ?

Revoir à la baisse la production laitière de chaque État membre, alors que certains pays sont excédentaires et d’autres déficitaires, reviendrait à spécialiser les États, et à leur faire perdre leur souveraineté alimentaire en anéantissant les potentiels territoriaux.

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