Alcool La contrefaçon fait perdre 1,3 milliard d’euros à l’économie européenne
La contrefaçon de vins et spiritueux fait perdre chaque année 1,3 milliard d’euros aux entreprises de l’Union européenne, ainsi que plus de 20 000 emplois, touchant particulièrement l’Espagne, la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
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« 4,4 % des ventes légitimes de spiritueux et 2,3 % des ventes légitimes de vins sont perdues chaque année en raison de la contrefaçon de boissons alcooliques », explique le rapport de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) publié le mardi 26 juillet 2016.
Outre l’impact pour les entreprises, 1,2 milliard d’euros de recettes publiques partent également en fumée, estiment les auteurs du rapport qui prennent en compte l’impôt sur les revenus, les cotisations de sécurité sociale, les impôts sur les bénéfices des sociétés, la TVA et les accises. La contrefaçon provoque également la perte de 4 800 emplois directs dans les secteurs des spiritueux et des vins, ainsi que de 18 500 emplois indirects, dont la moitié dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire.
« L’industrie légitime vendant moins de produits qu’elle n’en aurait vendus en l’absence de contrefaçon, elle emploie également moins de travailleurs », résume le rapport, consacré uniquement aux conséquences économiques de ce phénomène.
L’Espagne fortement impactée
Le pays le plus touché par la contrefaçon, en valeur absolue, est l’Espagne, dont les entreprises perdent chaque année 263 millions d’euros, tandis que le Trésor espagnol voit s’évanouir 90 millions d’euros en droits d’accise non perçus. Viennent ensuite l’Italie, avec 162 millions de pertes et 18 millions d’euros de droits d’accise non perçus, l’Allemagne (140 millions de pertes, 65 millions de droits d’accise), la France (136 millions et 100 millions de droits d’accise) et le Royaume-Uni (87 millions d’euros de perte et 197 millions de droits d’accise).
Toutefois, en valeur relative, c’est-à-dire en prenant en compte le pourcentage de ventes perdues par rapport aux ventes totales, le palmarès est assez différent : Bulgarie, Chypre, Grèce, Lettonie et Roumanie tiennent le haut du pavé, avec 8 à 10 % de ventes perdues à cause de la contrefaçon.
Les pays les plus durement frappés par les pertes d’emploi sont l’Espagne (près d’un millier), la Roumanie, la Bulgarie et la France.
Le manque à gagner vient des ventes à l’exportation
Les pratiques des faussaires consistent à vendre des bouteilles authentiques remplies d’alcool de bas de gamme, à copier le modèle et l’étiquette d’une vraie bouteille ou à couper le produit à l’eau ou avec d’autres substances, a expliqué Delphine Sarfati-Sobreira, directrice générale de l’Union des fabricants pour la protection internationale de la propriété intellectuelle (Unifab), association française de lutte anticontrefaçon.
Toutefois, selon elle, ces pratiques sont surtout recensées en Asie, particulièrement en Chine, où sont produits la majorité des alcools contrefaits dans le monde. Les pertes pour les entreprises européennes viennent donc surtout du manque à gagner sur leurs exportations. En France, « il n’y a aucun risque qu’un produit contrefait soit vendu dans des circuits de consommation classique », restaurant ou magasin, assure Mme Sarfati-Sobreira. En revanche, « si un consommateur s’aventure à acheter sur internet hors du site officiel, c’est possible », et il faut aussi être vigilant dans les pays de l’Est, en raison du trafic important d’alcool frelaté, rappelle-t-elle.
Entre novembre 2015 et février 2016, une opération de saisie menée par Interpol et Europol avait permis de mettre la main sur 10 000 litres d’alcool frelaté au Royaume-Uni (vin, whisky, vodka...), rappellent également les auteurs du rapport. En Grèce, trois usines produisant de l’alcool contrefait avaient été découvertes. La police y avait saisi plus de 7 400 bouteilles et étiquettes.
Le secteur de la production de vins et de spiritueux compte 5 500 entreprises dans l’UE, en majorité des PME employant chacune 10 personnes en moyenne, selon le rapport.
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