Le monde d’après La « vuittonisation de l’agriculture » n’aura pas lieu
Alors qu’Emmanuel Macron ne jurait, avant la crise sanitaire, que par la montée en gamme de l’agriculture, la souveraineté alimentaire s’est imposée comme la nouvelle priorité. L’éleveur et conférencier, Hervé Pillaud, ainsi que la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert reviennent sur ce point de bascule à l’occasion d’une table-ronde.
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L’éleveur et conférencier Hervé Pillaud plaide dans son dernier livre en date (1) pour une réconciliation entre l’agriculture et la société. Pour en parler, il a convié la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, à une table-ronde sur le thème « Agriculture et société : je t’aime moi non plus », organisée le 17 juin 2021, avec le think-tank Agridées et le Syrpa, l’association des communicants de l’agriculture. Et c’est de « ce virage » pris par Emmanuel Macron dont il a été surtout question, comme un début de réconciliation.
Nourrir ceux qui ont faim
« Ça a été à la fois un virage dans le discours d’Emmanuel Macron, et un appel », a commenté Christiane Lambert. Le 12 mars 2020, à 20h20, le chef de l’État a en effet déclaré que « déléguer notre alimentation à d’autres […] serait une folie ». « Jusqu’ici, il n’était que sur la montée en gamme, a-t-elle poursuivi. Mais on ne veut pas faire la “vuittonisation de l’agriculture”. Et heureusement ! Parce que sinon, plein de gens auraient faim. Nous avons dix millions de personnes qui, aujourd’hui, vont aux Restos du cœur ou à la Banque alimentaire. »
Subitement, la peur de manquer a dominé, a observé de son côté Hervé Pillaud. « Les images d’étagères d’épicerie vides et de restaurants fermés ont mis en avant la place centrale de l’alimentation dans nos vies. La société s’est recentrée sur l’essentiel, se nourrir et se soigner. » Et la souveraineté alimentaire s’est alors imposée comme une évidence pour le gouvernement comme pour tout le monde.
« C’est ce qui donne envie de se lever tous les matins »
« Certains disent que ça ne nous met pas un euro dans la poche, reprend Christiane Lambert. Mais la considération, ce n’est pas rien, c’est ce qui nous donne envie de nous lever le matin, et de nous décarcasser… La reconnaissance, c’est très important. Ensuite, il faut le traduire en effet dans des politiques publiques. »
Cette considération marque « un changement naissant », pour Hervé Pillaud. « C’est une opportunité » à condition de poursuivre l’effort de pédagogie des agriculteurs auprès de la société, et d’en effet renforcer la souveraineté de la France en matière alimentaire. Plusieurs défis sont à relever notamment en matière d’exportation, selon lui. L’éleveur-auteur ouvre des voies (et crée des ponts) dans son ouvrage à paraître le 7 juillet 2021.
> Pour commander le livre d'Hervé Pillaud, « Cultivons l’avenir ensemble, (ré)concilier agriculture et société ! », aux éditions France Agricole
(1) Hervé Pillaud, « Cultivons l’avenir ensemble, (ré)concilier agriculture et société ! », aux éditions France Agricole (304 pages) — 19,90 €.
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