Confort de travail « La Paganelle a amélioré nos conditions d’estive »
La famille Géraut bénéficie de la première unité mobile d’électrification pour estive isolée. L’équipement, appelé Paganelle, associe des batteries, des panneaux photovoltaïques et un groupe électrogène. Le confort de la famille et les conditions de traite se sont améliorés.
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La vie de berger dans les estives a beau faire fantasmer les randonneurs, elle comporte son lot de contraintes. Au cœur du Béarn, Pierre et Anne-Laure Géraut, et leurs trois enfants, quittent chaque été leurs 25 hectares dans la vallée pour monter, avec leurs brebis, sur l’estive de Saoubiste, à Laruns (Pyrénées-Atlantiques). Leur cabane est située à 1 780 mètres d’altitude, à 1 h30 de marche de la route la plus proche. Depuis 2019, le bâtiment bénéficie d’une unité d’électrification, héliportée à chaque transhumance. Ce prototype a été réalisé à l’initiative de l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB) par des artisans locaux. L’alimentation électrique des équipements pastoraux en estives isolées est « un enjeu fort pour le maintien de l’activité pastorale », souligne l’IPHB. Pour Didier Hervé, son directeur, cet outil signe le passage du « pastoralisme des hommes sacrifiés » à celui du « pastoralisme en famille, moderne et durable ».
« Cela nous change la vie »
La famille Géraut accompagne 500 brebis, dont 300 sont traites quotidiennement pendant la saison estivale pour fabriquer du fromage Ossau-Iraty. « L’astreinte de traite a été mécanisée en 2013, quand nous avons simultanément été victimes de tendinites », raconte le couple. L’installation nécessite un groupe électrogène pour fonctionner. Celui-ci n’est en marche qu’à ce moment et consomme 500 litres de gasoil chaque été. L’unité d’électrification est constituée de douze batteries en série, qui stockent l’excédent d’énergie. Des panneaux photovoltaïques complémentent le groupe. Ils sont situés au-dessus du bac de batteries et assurent également leur recharge. Ainsi, en août, lors du tarissement du troupeau et de l’arrêt de la traite, la famille continue à disposer d’électricité.
L’installation atypique a été baptisée Paganelle, du nom de son concepteur, Eric Paganelle, électricien accidentellement décédé peu avant la mise en fonctionnement de son invention. Celle-ci a changé la vie de la famille. « Le premier matériel que nous avons monté sur l’estive, c’est un lave-linge, précise Anne-Laure Géraut en souriant. Nous utilisons des linges dans la fabrication du fromage, qu’il faut nettoyer très régulièrement. Dans la foulée, nous nous sommes équipés d’un réfrigérateur électrique. »
La Paganelle stocke une quantité d’énergie correspondant à une consommation pour dix à quinze jours. Avant 2019, un petit panneau solaire de moins de 1 m² fournissait un faible courant de 12 V. Il ne permettait que le fonctionnement de deux ampoules à leds. « Quand le temps était couvert, nous n’avions pas la lumière dans notre habitation », se souvient Pierre. Désormais, la cabane bénéficie d’une installation normalisée en 220 V, de plusieurs prises électriques et d’un éclairage plus conséquent pour l’habitation comme pour l’atelier de fabrication du fromage.
Meilleure qualité de lait
En plus d’améliorer la qualité de vie des bergers, l’équipement améliore celle du lait, donc du fromage. En effet, un chauffe-eau a été intégré à la machine à traire grâce à l’installation. Avec cette évolution, le cycle de lavage a été perfectionné.
L’aspect sanitaire est primordial pour l’élaboration de produits transformés, et la fabrication du fromage a été optimisée grâce à la Paganelle. Ce prototype, qui a coûté 25 000 €, a été cofinancé par l’État à 40 %, ainsi que l’IPHB, la Région et le département à hauteur de 20 % chacun. Pierre et Anne-Laure pratiquent la monotraite, mais des modules intégrant des refroidisseurs à lait sont également développés pour les bergers qui font deux traites pour une fabrication de fromages par jour. Gildas Baron
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