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Le réveil des régions Le réveil des régions

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Et si c’était le tour des régions ? Les régions gestionnaires, responsables et cofinanceurs du deuxième pilier, consacré au développement rural (18,7 milliards d’euros de crédits européens en Europe, 1,66 milliard en France en 2016), et pourtant étonnement silencieuses pendant cette période de grande tension.

Une fois encore, le ton est donné par l’Allemagne. Les élections régionales ont eu lieu en mars 2016. Avec la dispersion des suffrages, il est rare qu’un parti puisse gouverner seul et la pratique reste celle des coalitions. Il y a la coalition « Kenya », par exemple, allusion au drapeau tricolore noir, rouge vert, autrement dit conservateurs socialistes et verts, la coalition « kiwi » (vert à l’intérieur avec une enveloppe brune) qui réunit verts et conservateurs… De plus en plus, l’agriculture est mixée avec l’environnement dans les portefeuilles des ministres, et le portefeuille revient souvent à un ministre vert. Sur les seize Länder, il y a six ministres de l’Agriculture verts. Il y a aussi quelques surprises, comme un ministre de l’Agriculture psychologue. Autant dire que les agriculteurs ne sont pas toujours enthousiastes du nouveau paysage politique. Même s’il faut se garder des conclusions hâtives. Un ministre vert plaide en faveur du rétablissement provisoire des quotas laitiers, par exemple.

Le gouvernement fédéral doit compter avec tous ses nouveaux interlocuteurs, qui n’ont pas attendu longtemps pour se manifester. Deux mois après l’élection, ils se sont réunis pour adopter des positions communes et demander le retour à une certaine régulation.

Rien de tel en France. Les élections ont eu lieu en décembre 2015. Le débat s’est concentré sur le point de savoir si le Front national aurait ou non une présidence. Pas question de programme, encore moins d’agriculture, sauf pour rappeler quelques banalités. A-t-on une idée de ce que font et de ce que veulent faire les régions dans le domaine agricole ? Les possibilités de financement européen sont très larges, depuis le soutien au bio jusqu’au financement de services de remplacement pour alléger les contraintes de présence sur l’exploitation, mais il est difficile d’avoir une vision générale qui permettrait de dégager des stratégies.

L’idée émerge que le premier pilier (les aides aux revenus) a montré ses limites et que la prochaine Pac donnera plus de place au deuxième pilier. Un moyen intéressant de financer la modernisation, les restructurations, les mises aux normes. Dès aujourd’hui, le règlement Pac a prévu de transférer une partie des crédits du premier pilier vers le second. Onze États ont joué le jeu et ont majoré l’enveloppe du deuxième pilier. La France a basculé 3, 3 % des crédits, soit 250 millions par an. Les Pays-Bas, de 4 à 4,3 %, les Allemands 4,5 %, les Anglais 10,8 %... Le basculement maximum autorisé est de 15 %, soit, pour la France, 1,1 milliard d’euros par an. Encore faut-il que les régions aient une idée claire de ce qu’elles pourraient en faire.

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