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C’est son avis « Chaque Français utilise 4 000 litres d’eau par jour »

Pour Denis Lefèvre, journaliste et écrivain (1), l’eau est une école de partage. Il faut apprendre à ne pas la gaspiller, à la répartir entre usagers et à préserver sa qualité. Un enjeu qui nécessite d’adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

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148 litres pour les besoins quotidiens

Nous prélevons chaque jour environ 148 litres d’eau par personne pour faire face à nos besoins quotidiens : boire et se laver, faire la cuisine, la vaisselle et la lessive, laver sa voiture… Mais en fait, nous en utilisons beaucoup plus si l’on compte l’eau virtuelle, celle qui est prélevée ou consommée pour fabriquer notre nourriture ou produire notre énergie. Ainsi, plus de 4 000 litres d’eau sont utilisés indirectement par jour et par habitant. Il faut 2 900 litres pour fabriquer un tee-shirt, 400 000 litres pour une voiture… et 140 litres pour produire une tasse de café ! Des chiffres qui font prendre conscience de notre consommation réelle ! D’où l’importance de limiter le gaspillage de l’eau comme des aliments. Un robinet qui fuit goutte à goutte, ce sont 120 litres d’eau gaspillés par jour !

Le goutte-à-goutte

L’agriculture fait des efforts pour réduire sa consommation. Au cours des dix dernières années, les prélèvements pour l’irrigation ont baissé de 30 % grâce à des techniques plus économes, comme le goutte-à-goutte enterré.

Recettes simplistes

La qualité de l’eau pose aussi un problème. Les pesticides et les nitrates représentent la principale source de pollution. La société civile impose des méthodes de culture plus respectueuses de l’environnement et de la santé publique. Dans le cadre d’une agriculture durable, le travail des agriculteurs sera beaucoup plus passionnant. Il sera plus enrichissant intellectuellement, s’il utilise les leçons de la nature et de l’environnement, plutôt que de suivre de simples recettes.

L’eau potable est chère

Les pouvoirs publics doivent aider les agriculteurs à changer leurs pratiques. Ils doivent les accompagner financièrement, techniquement et humainement. Ceci va prendre du temps, mais la garantie de la qualité de l’eau est essentielle. D’autant que l’eau coûte de plus en plus cher. Son prix a été multiplié par trois depuis 1990. Le coût pour la rendre potable, c’est 40 % du prix de revient de l’eau. Mieux vaut prévenir que dépolluer !

Accompagner les agriculteurs

Des solutions comme celles pratiquées à Vittel sont à développer. En 1992, la société Vittel décide d’acheter une bonne moitié des terres agricoles afin de les louer, pour une somme symbolique, aux agriculteurs. Ces derniers s’engagent à respecter un cahier des charges de pratiques plus respectueuses de l’environnement, notamment à renoncer à la culture du maïs et à l’emploi de phytos. La société verse aux exploitants une prime de 200 €/ha pendant cinq ans, pour les accompagner au changement. En 2009, 92 % des surfaces respectaient le cahier des charges. Outre les agriculteurs, la SNCF, les collectivités locales, les gestionnaires de terrains de sport et de golf acceptaient le principe du « zéro pesticide ».

(1) Auteur, avec Vazken Andréassian, directeur scientifique adjoint à Irstea, du livre « L’eau en péril ? », publié aux éditions Quae.

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