Sécheresse Ils trouvent leurs abreuvoirs sabotés en pleine sécheresse
À la frontière de la Haute-Marne et de l’Aube, en quinze jours, quatre installations d’arrivée d’eau pour les animaux ont été sabotées dans un rayon de trente kilomètres. Des animaux sont morts.
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Le matin du 17 juillet 2022, Jérémie Lagorce, éleveur à Montheries (Haute-Marne), poursuit son tour quotidien pour surveiller son troupeau de 800 brebis. Même en pleine moisson, c’est sa routine. Les animaux sont répartis dans plusieurs parcelles. Mais au lieu-dit Les Orgères, quelque chose ne va pas.
Il regarde sa tonne à eau qui alimente l’abreuvoir. Le tuyau a été dévissé. La tonne s’est vidée, bien évidemment. C’est embêtant pour les animaux. Comme partout en France, on entame alors une semaine de canicule où la température dans le canton va monter à plus de 38°C. Et surtout, il fait sec depuis longtemps. Vraiment pas bon pour les animaux.
Sabotages
Ce qui intrigue Jérémie Lagorce, c’est qu’un tuyau comme celui-ci, ça ne se défait pas par accident. Tout le monde sait que c’est le travail d’un être humain, pas d’un mouton maladroit ou d’un renard, même s’il est très malin. Jérémie Lagorce, bien qu’intrigué, ramène une tonne à eau et repart alors à l’urgence du jour, c’est-à-dire la moisson.
Puis à la fin de la semaine, le vendredi, un coup de fil lui rappelle cette étrange dégradation. Au bout du fil, c’est Sébastien Riottot, le président de la FDSEA, agriculteur à Latrecey à trente kilomètres de là. Il se renseigne. À tout hasard, il n’aurait pas entendu parler de dégradations sur des abreuvoirs. Ha ben, oui ! Jérémie Lagorce est directement concerné. Il raconte son histoire et c’est comme ça qu’il apprend que plusieurs signalements similaires tombent depuis une quinzaine de jours dans cette partie du département.
Les sabotages touchent le matériel de gestion de l’eau pour les animaux. Une petite éolienne, qui alimente un abreuvoir, a été démontée, les boulons soigneusement dévissés. Un tuyau a été coupé. Un flotteur a été cassé. « Quatre cas ont été répertoriés dans un rayon de trente kilomètres », comptabilise Sébastien Riottot après son recensement qui précise que les attaques touchent des agriculteurs proches géographiquement mais pas voisins.
Plaintes et surveillance
En conséquence, six ou sept bovins sont morts de soif. Cinq moutons de son troupeau ont été retrouvés morts par Jérémie Lagorce une semaine plus tard. Même sans autopsie, il soupçonne plutôt le poison que la soif, ne serait-ce parce qu’il les a trouvés à cinq kilomètres de la pâture. Le lendemain au même endroit, il retrouve à nouveau dix moutons, toujours en vie mais tout de même à un endroit où ils ne sont pas censés se rendre tout seuls.
« Sachant que je n’étais pas le seul concerné, j’ai porté plainte auprès de la gendarmerie », raconte-t-il. En tout, deux agriculteurs ont déposé des plaintes, ajoute Sébastien Riottot : « Ça permettra d’ouvrir les enquêtes, de relever les éventuelles traces de pneus, de recueillir des témoignages. »
Depuis, Jérémie Lagorce n’a pas pour autant mis en place un plan de surveillance particulier. En revanche, il se déclare plus attentif aux tonnes à eau, aux grillages, etc. pendant sa tournée quotidienne. Il envisage d’installer des caméras de surveillance sur ses tonnes à eau.
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