1. Des captages au service du pâturage t 1. Des captages au service du pâturage tournant
Les 140 rouges des prés de Dominique et François Leclère boivent presque exclusivement de l’eau de source, ce qui limite le travail d’astreinte des deux frères.
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Dominique et François Leclère ont installé des abreuvoirs qui « stockent » l’eau qui remonte du sous-sol dans l’ensemble des îlots destinés à leur cheptel. Ainsi, il est rare que les deux frères, installés à Coulonges-Cohan, dans l’Aisne, sortent le tracteur et la tonne à eau pendant la saison de pâturage pour abreuver leurs animaux.
« De nombreux points de captage ont été mis en place dans les prairies au fil du temps, indiquent-ils. Certains sont très anciens. Nous repérons les endroits où l’humidité fait surface. Puis nous creusons pour installer des drains en profondeur, à au moins 80 cm du sol. » Ces drains sont ensuite reliés à un tuyau étanche qui alimente l’abreuvoir en contrebas. La tranchée peut être aménagée simplement grâce à une sous-soleuse. La canalisation est assez profonde pour ne pas être « accrochée » par les outils de travail du sol. Reste que l’écoulement ne peut s’effectuer que si la pente est suffisamment prononcée. « Il faut au moins 2 % entre le point où se situe la prise d’eau et le point d’arrivée d’eau dans l’abreuvoir, souligne Étienne Falentin, de la chambre d’agriculture de l’Aisne. Généralement, on utilise un tuyau d’alimentation d’une longueur inférieure à 200 m afin de limiter les coûts et d’éviter les pertes de charge. »
Accessible depuis toutes les parcelles
L’emplacement de l’abreuvoir au sein de l’îlot est choisi de manière à ce qu’il soit commun à plusieurs parcelles. Pour le lot du « Pelgés », composé de 56 vaches et leurs veaux et 9 génisses de 2 ans, par exemple, le point est central par rapport aux sept parcelles (27 ha) (voir ci-dessus). « La parcelle n° 7 est destinée aux stocks en année normale, souligne Dominique. Lorsqu’elle est intégrée au pâturage, les animaux doivent traverser la parcelle n° 5 pour rejoindre le point d’eau, mais cela ne se passe qu’en fin de saison et ça ne pose pas de problème pour la repousse. » (1)
Le point d’eau lui-même est conçu entièrement en béton pour ne pas être dégradé par les animaux. Les deux frères ont généralisé ce modèle à l’ensemble des îlots de l’exploitation, et seule la taille du réservoir varie en fonction du nombre d’animaux du lot. Pour celui du « Pelgés », par exemple, la réserve est de 6 m × 4 m × 0,4 m, soit 10 m3. Un trop-plein alimente aussi une mare à côté. « Mais les animaux n’y boivent que si l’approvisionnement se tarit, précise Dominique. Cela se produit parfois en été. Au cas où les réserves s’épuisent, nous avons conservé du matériel pour pouvoir transporter de l’eau. »
La construction des abreuvoirs est réalisée par une entreprise ou par les associés suivant le même principe. La surface est d’abord décaissée puis remplie de cailloux, avant d’y couler le béton. Les parois sont composées de longrines préfabriquées, utilisées classiquement dans les bâtiments. Le coût de la maçonnerie est de 2 800 €. « Nous avons bétonné l’espace autour des réserves sur 1 m, ajoute Dominique, pour éviter que les animaux creusent et créent un bourbier autour du bassin. »
Les glissières d’autoroute fixées à 40 cm du bord du bassin évitent que les veaux soient tentés de sauter dans l’eau et la souillent.
Entretien du réseau
L’entretien du système consiste surtout à déboucher les drains qui composent le captage. « Les racines peuvent s’immiscer dans les trous et l’écoulement de l’eau ralentit, voire cesse, déclare Dominique. Il faut alors creuser pour rendre le drain opérationnel. » La tâche est réservée à l’hiver. Cela peut prendre du temps, car la partie bouchée ne se trouve pas forcément à l’aplomb de la remontée d’eau. Les racines d’ortie ou de chardon sont particulièrement redoutables. Lorsqu’une canalisation traverse « une zone où l’eau remonte », c’est-à-dire un point de captage potentiel, un nouveau drain est installé, mais il est relié au réseau initial via un tuyau étanche. Ainsi l’approvisionnement du bac est assuré même si l’un des deux drains se bouche.
(1) La pousse de l’herbe, modeste cette année, a contraint Dominique et François à intégrer la parcelle 7 de 7 ha au pâturage. Ils comptent beaucoup sur le rendement des dérobées qu’ils sèmeront en juillet, après la récolte des pois et de l’escourgeon, notamment pour réaliser des stocks.
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